Des violences ont repris jeudi en Egypte, au lendemain de l'assaut sanglant lancé par la police et l'armée contre les partisans de Mohamed Morsi, qui a fait au moins 623 tués. Parmi les nombreuses condamnations, le président américain Barack Obama a annulé des manoeuvres militaires avec le Caire.
La dispersion de deux rassemblements des pro-Morsi, qui ont répliqué parfois au fusil d'assaut et aux cocktails Molotov, ainsi que les violences propagées dans tout le pays ont fait au moins 623 tués, selon un dernier bilan du Ministère de la santé. Parmi eux plus de 500 civils.
Mais le bilan pourrait être plus lourd. Les Frères musulmans évoquent eux 2200 tués et plus de 10 000 blessés.
Le gouvernement intérimaire mis en place par l'armée quand elle a destitué et arrêté le président islamiste Morsi le 3 juillet a décrété le couvre-feu au Caire et dans la moitié du pays et l'état d'urgence.
Neuf policiers et militaires tués
L'appel des Frères musulmans, l'influente confrérie de M. Morsi, à des manifestations faisait craindre une nouvelle flambée de violences. Neuf policiers et militaires ont été tués dans des violences attribuées à des "islamistes" dans plusieurs régions du pays
Le gouvernement dirigé dans les faits par le chef de l'armée le général Abdel Fatah al-Sissi a prévenu mercredi soir qu'il ne tolérerait aucun nouveau rassemblement ou nouvelles violences. Il a salué "la très grande retenue" de la police mercredi.
ElBaradei s'en va
Mais plusieurs figures d'importance se sont toutefois désolidarisées de l'opération meurtrière. Le vice-président Mohamed ElBaradei, prix Nobel de la paix, a démissionné, disant refuser "d'assumer les conséquences de décisions avec lesquelles il n'était pas d'accord".
A l'étranger, l'intervention des forces de l'ordre a provoqué l'indignation. M. Obama a ainsi condamné "avec force les mesures prises par le gouvernement intérimaire égyptien" et annoncé l'annulation de manoeuvres militaires conjointes. Mais il n'est pas allé jusqu'à suspendre l'aide militaire des Etats-Unis, qui totalise 1,3 milliard de dollars par an.
Le Conseil de sécurité de l'ONU devait se réunir jeudi en fin de soirée alors que la Haut commissaire de l'ONU aux droits de l'Homme, Navi Pillay, a réclamé une enquête sur l'assaut des forces égyptiennes.