La justice égyptienne a prononcé des peines de sept à dix ans de prison contre les trois journalistes de la chaîne de télévision Al Djazira, accusés d'avoir soutenu une "organisation terroriste". Cette expression qui désigne vraisemblablement les Frères musulmans.
L'Australien Peter Greste, basé au Kenya, et le Canado-Egyptien Mohamed Fahmy, chef du bureau du Caire d'Al Djazira en anglais, ont été condamnés à sept ans de prison. Leur collègue égyptien Baher Mohamed a écopé d'une peine supplémentaire de trois ans de prison pour détention d'armes.
Les trois journalistes, détenus au Caire depuis le 29 décembre, étaient poursuivis pour avoir publié de fausses informations de nature à saper l'intérêt national et d'avoir fourni de l'argent, du matériel et des informations à 16 ressortissants égyptiens.
Leur procès s'était ouvert le 20 février dernier.
Présent à l'audience, Abdallah Al Chamy, un autre journaliste de la chaîne qatarie, libéré lundi dernier à la suite d'une grève de la faim, s'était dit certain de leur innocence.
Egalement présent, le frère de Mohamed Fahmy, Adel, estimait lui que ce procès constituait une "chance" pour les nouvelles autorités égyptiennes. Elles avaient, disait-il, l'occasion de prononcer un acquittement et ainsi de montrer leur attachement à la liberté d'expression.
"C'est une opportunité pour l'Egypte de prouver à la communauté internationale qu'elle encourage et réserve un bon accueil à la liberté d'expression dans cette nouvelle ère", selon lui. "Il n'y a aucune preuve contre eux", a-t-il dit avant le prononcé du verdict.
Le bureau d'Al Djazira en Egypte a fermé le 3 juillet 2013, jour de la destitution de l'ancien président Mohamed Morsi issu des Frères musulmans. La chaîne est financée par le Qatar, monarchie du Golfe soutenant la confrérie, déclarée fin 2013 "organisation terroriste" en Egypte. Al Djazira a jugé absurdes les accusations retenues contre ses trois journalistes.
Dimanche, le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est entretenu au Caire avec le président Abdel Fattah al Sissi du sort réservé aux Frères musulmans et de la transition politique.