Espionnage: Paris veut des explications, mais pas d'escalade

La France a renouvelé mardi ses demandes d'explication aux autorités américaines concernant le vaste programme d'espionnage de la NSA en France. Mais Paris ne souhaite pas pour autant entrer dans une "escalade" avec Washington.

Le chef de la diplomatie française Laurent Fabius a réitéré de vive voix l'expression du mécontentement de la France à son homologue américain John Kerry, lors d'une rencontre au Quai d'Orsay mardi matin.

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"J'ai redit à John Kerry ce que François Hollande avait dit à Barack Obama, que l'espionnage tel qu'il a été pratiqué sur une grande échelle de la part des Américains vis-à-vis d'alliés est quelque chose d'inacceptable", a déclaré M. Fabius à des journalistes à Londres. Il venait de participer à une réunion du groupe des "Amis de la Syrie" et de l'opposition syrienne.

"Je lui ai dit de nous fournir des éléments d'information rapidement et que ces pratiques cessent", a-t-il poursuivi. "John Kerry a répondu que c'était un système qui était hérité d'administrations précédentes", a-t-il encore expliqué.

"Nous avons demandé qu'un point très précis soit fait entre Français et Américains sur ce qui s'est pratiqué et sur ce qui se pratiquerait encore", a-t-il poursuivi. Un "groupe d'analyse" devrait être "réuni sans délai sur ce point".

S'attendre à d'autres révélations

Mais au-delà des manifestations d'indignation, la France n'a pas l'intention de déclencher une "escalade" avec son puissant allié, selon la porte-parole du gouvernement Najat Vallaud-Belkacem.

Elle a estimé mardi matin que "le plus important" est "le travail entrepris au niveau européen pour que l'Europe se dote (d'une) directive sur la protection des données personnelles", mais aussi "qu'elle obtienne des éclairages utiles de la part des Etats-Unis".

La porte-parole a été rejointe sur ce point par Viviane Reding, vice-présidente de la Commission européenne. Elle a appelé les dirigeants de l'UE à "passer aux actes" lors de leur sommet en fin de semaine pour protéger les données des citoyens et sanctionner les infractions des géants de l'internet.

"Les citoyens ont vu ce qu'il en est de la protection de leurs données personnelles" avec le programme américain Prism, a souligné Mme Reding. Et d'avancer qu'après le "scandale" révélé en France, il fallait s'attendre à d'autres révélations.

Nouveaux détails

"Le Monde", qui a révélé lundi l'ampleur de l'espionnage téléphonique de l'agence de sécurité américaine (NSA) en France, a publié mardi de nouveaux détails sur les écoutes des ambassades françaises, notamment la représentation à l'ONU à New York.

Le quotidien français cite un document de la NSA datant d'août 2010, selon lequel les informations dérobées à la France et à d'autres chancelleries auraient joué un grand rôle pour obtenir le vote d'une résolution au Conseil de sécurité en faveur de nouvelles sanctions à l'Iran pour son programme nucléaire. La note se félicite de ce "succès silencieux qui a aidé à façonner la politique étrangère des Etats-Unis".

Entretien présidentiel

Le président français François Hollande avait usé d'un langage particulièrement rude lundi pour exprimer sa "profonde réprobation" face aux "pratiques inacceptables" de son allié, dans une conversation téléphonique avec son homologue américain Barack Obama.

Selon le journal français "Le Monde", l'agence de sécurité nationale américaine (NSA) a effectué 70,3 millions d'enregistrements de données téléphoniques de Français entre le 10 décembre 2012 et le 8 janvier 2013.

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