Les manifestations contre les bavures policières visant les Noirs ont continué samedi à New York, Washington ou Berkley. A Brooklyn, un quartier de la "Grande Pomme", avaient lieu les obsèques de l'une des victimes, un jeune père de famille noir tué "accidentellement" par un policier blanc.
Si les manifestations se sont déroulées dans le calme dans la plupart des grandes villes, cela n'a pas été le cas à Berkeley, dans la banlieue de San Francisco, où des petits groupes se sont affrontés violemment avec la police et ont pillé des magasins.
"Certains ont commencé à lancer sur les policiers des briques, des tuyaux, des grenades fumigènes", a indiqué la police. De nombreux agents ont été blessés. La police a fait usage de gaz lacrymogène.
A New York, une foule s'est rassemblée dans l'après-midi à Times Square puis à Union Square malgré une pluie diluvienne, scandant: "Je ne peux pas respirer", les derniers mots répétés par Eric Garner, ce père de famille noir âgé de 43 ans mort étouffé en juillet lors d'une interpellation brutale par la police de New York.
Samedi matin, une centaine de proches et de militants des droits civiques, ainsi que plusieurs responsables de la ville, se sont recueillis sur le cercueil d'Akai Gurley dans une église baptiste de l'arrondissement de Brooklyn.
Ce jeune homme de 28 ans a été tué par balles le 20 novembre "par accident" par un jeune policier blanc dans une cage d'escalier d'une HLM de Brooklyn. L'affaire a suscité l'émotion dans tout le pays et intensifié les manifestations dénonçant depuis cet été le comportement de la police dans une succession d'altercations mortelles face à des Noirs non armés.
"Akai était innocent, innocent, innocent", a martelé le militant Kevin Powell. Il a remercié la ville de New York et le maire Bill de Blasio pour avoir pris en charge le coût des obsèques.
"Encore et encore, nous assistons à des lynchages des temps modernes. Akai Gurley n'en est que la dernière des victimes", a-t-il lancé, en appelant à l'inculpation du jeune policier. Le terme "lynchage" est particulièrement lourd de sens aux Etats-Unis quelque cinquante ans après la déségrégation.
Dans le cas de la mort d'Akai Gurley, la justice new-yorkaise a annoncé vendredi la convocation d'un grand jury pour décider si le policier, Peter Liang, devait être poursuivi devant les tribunaux ou non. Le chef de la police de New York, Bill Bratton, avait souligné dès le lendemain qu'il s'agissait d'un "coup de feu accidentel" et que la victime était totalement innocente.