L'Ukraine est prête à accepter le convoi humanitaire russe à destination du bastion rebelle de Lougansk, mais sous conditions. Kiev refusait jusqu'alors cette aide, y voyant une initiative du Kremlin destinée à aider les séparatistes prorusses.
Le convoi humanitaire a pris la route mardi matin pour l'Ukraine, depuis la région de Moscou. Les quelque 280 camions devaient initialement y entrer par un poste-frontière de la région de Kharkiv (nord-est), contrôlée par Kiev.
Comme les autorités ukrainiennes exigeaient que l'aide soit rechargée dans des camions affrétés par la Croix-Rouge, Moscou a rejeté cette option. Dans l'après-midi, le porte-parole du président ukrainien, Sviatoslav Tsegolko, a modifié les exigences de Kiev.
Depuis mardi, les camions ont parcouru environ 500 kilomètres en direction du sud. Ils ont rejoint Voronej, où ils ont fait escale sur une base aérienne protégée par de hautes barrières, rapporte un journaliste de Reuters.
"Le voyage est long bien sûr", a commenté un chauffeur interrogé par la chaîne de télévision Rossiya-24. "Comment dire... C'est assez difficile. Mais comment pourrait-on ne pas aider nos frères slaves ? On y est tous favorables".
Les autorités russes ont fourni à l'Ukraine et au Comité international de la Croix-Rouge une "liste générale" des produits acheminés, a indiqué un porte-parole du CICR. Les camions contiendraient des bouteilles d'eau, des denrées alimentaires et des générateurs. Un inventaire détaillé doit encore être effectué avant que l'organisation puisse en prendre possession.
Lougansk, qui comptait 500'000 habitants avant les hostilités, se trouve dans une situation "critique". La ville n'a ni électricité ni eau courante depuis près de deux semaines et les réserves de nourriture et de médicaments s'épuisent. Les habitants de Donetsk souffrent également d'importantes pénuries d'eau, de nourriture et d'électricité.
Les combats entre armée régulière et insurgés s'intensifient dans l'est de l'Ukraine. Les dernières semaines ont vu l'armée enregistrer une série de succès et chasser les rebelles de plusieurs villes qu'ils contrôlaient.
Selon un décompte du Haut-Commissariat des Nations unies pour les droits de l'homme, le nombre de victimes a presque doublé au cours des quinze derniers jours. On déplore désormais près de 2100 morts et 5000 blessés en quatre mois de conflit.