Un projet loi autorisant la culture, la vente et l'usage de cannabis a été adopté mardi soir en Uruguay. Ce pays va devenir le premier Etat au monde à en contrôler la production et la consommation. Plus de 60% de la population rejette toutefois ce projet, selon un sondage.
Le Sénat s'est prononcé pour le texte présenté par le gouvernement. A l'issue de douze heures de débats, la loi a été approuvée par 16 voix sur 29, grâce aux suffrages des sénateurs membres du Frente amplio (gauche, au pouvoir), dans la foulée des députés ayant déjà voté le texte en juillet.
Si la constitutionnalité de la loi est confirmée, et après signatures des décrets d'application, sa mise en oeuvre n'interviendra au plus tôt qu'en avril 2014.
Cette loi unique au monde confère à l'Etat la mainmise sur la culture et la vente du cannabis à des fins récréatives. Elle repousse les limites des expériences menées dans les Etats américains du Colorado et de Washington, aux Pays-Bas ou en Espagne, lesquels autorisent ou tolèrent la production de cannabis dans un cadre privé.
Le projet est néanmoins critiqué par l'opposition, certains professionnels de la santé et des pharmaciens. Selon un sondage, 61% de la population rejette cette loi sur la légalisation du cannabis.
L'idée de cette première mondiale a été lancée il y a un an et demi par le président Jose Mujica. Avec cette loi inédite de "régulation du marché du cannabis", il vise plusieurs objectifs.
Il veut priver les narcotrafiquants d'une importante source de revenus, alors que la lutte contre le trafic de drogue coûte environ 60 millions d'euros (73 millions de francs) par an au pays. Il vise aussi à limiter les risques liés à la consommation du cannabis et à détourner ses amateurs des dealers et des drogues dures.
La loi prévoit trois modes d'accès au produit: l'auto-culture, la culture dans des clubs de consommateurs et la vente en pharmacie, sous contrôle public (40 grammes maximum par mois).
Le cannabis représente 70% de la consommation de drogues en Uruguay, et son usage s'est largement répandu ces dix dernières années. Les autorités évoquent le chiffre de 128'000 utilisateurs, contre 200'000 selon les associations de consommateurs.