L'amnistie exacerbe les tensions entre pouvoir et opposants

Le président ukrainien Viktor Ianoukovitch a promulgué vendredi une amnistie dans le cadre de concessions faites aux opposants. La loi a cependant été refusée par les protestataires, car elle leur enjoint de quitter dans les quinze jours les lieux publics qu'ils occupent en signe de colère.

Un groupe d'opposants radicaux, Pravy Sektor, a même menacé de revenir à des actions violentes contre les forces de l'ordre et le pouvoir si les opposants restent incarcérés et si les négociations entre pouvoir et opposition ne reprennent pas.

L'armée sort de son silence

De leur côté, les militaires ukrainiens au pouvoir sont sortis de leur réserve. Dans un communiqué du ministère de la Défense, l'armée a souligné vendredi que l'escalade de la contestation "menace l'intégrité territoriale" de l'Ukraine.

Elle a appelé "le chef suprême des armées", soit M. Ianoukovitch, à prendre des mesures d'urgence pour "stabiliser la situation dans le pays", sans préciser en quoi consistent ces mesures.

Ce dernier a été déclaré jeudi matin indisponible par son service de presse en raison d'une "maladie respiratoire aiguë" - ce qui a été interprété par les opposants ukrainiens comme une tentative de gagner du temps.

"Ils m'ont crucifié"

Les craintes de répression cachée ont par ailleurs été ravivées vendredi par le récit de l'un des leaders d'Automaïdan, mouvement qui avait organisé plusieurs actions spectaculaires devant la résidence du chef de l'Etat près de Kiev. Dmytro Boulatov a raconté avoir été enlevé puis abandonné en forêt par des inconnus.

"Ils m'ont crucifié, m'ont coupé une oreille et tailladé le visage, ils m'ont roué de coups sur tout le corps. Mais, Dieu merci, je suis vivant", a déclaré ce père de trois enfants de 35 ans, qui dit avoir réussi à rejoindre un village d'où il a appelé au secours.

Du sang coagulé sur son visage, des blessures sur ses mains et des vêtements imprégnés de sang sont visibles sur les images des chaînes de télévision privées Kanal 5 et 1+1.

Une "mise en scène"

Le ministère de l'Intérieur, qui a ouvert une enquête contre X pour enlèvement, a affirmé vendredi ne pas exclure "la mise en scène de l'enlèvement (...) afin de provoquer une réaction négative dans la société".

La cheffe de la diplomatie de l'UE, Catherine Ashton s'est dite "consternée" vendredi par cette affaire, et les précédents connus. Les Etats-Unis ont quant à eux paru vouloir mettre leur poids dans la balance. Le secrétaire d'Etat John Kerry doit rencontrer les dirigeants de l'opposition samedi.

/ATS


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