Les Colombiens ont apporté un soutien en demi-teinte au processus de paix avec les Farc, en conservant une majorité relative à Juan Manuel Santos. Le président est désormais confronté à la forte opposition de son prédécesseur Alvaro Uribe à l'issue des législatives, selon un décompte officiel.
Ce scrutin constituait un test important pour la suite des négociations ouvertes depuis 16 mois avec les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc), la plus ancienne rébellion d'Amérique latine, en activité depuis près d'un demi-siècle. Il a été marqué par une forte abstention de 60%.
La coalition gouvernementale de centre droit a obtenu 47 sièges sur 102 au Sénat, contre 20 pour la liste de M. Uribe, farouche détracteur du processus de paix, selon ce décompte portant sur la quasi-totalité des bulletins. L'ancien président s'est ainsi converti en la première force d'opposition.
"On peut dire maintentant qu'il y a une opposition en Colombie. Cette tendance en faveur d'Uribe est un vote de sanction pour Santos. Cela remue nettement les négociations avec les Farc", selon Vicente Torrijos, expert en relations internationales.
La majorité présidentielle remporte aussi une majorité relative à la Chambre des représentants, qui correspond aux régions, avec 63 sièges sur 163.
Le Congrès bicaméral, composé par le Sénat au niveau national et de la Chambre des représentants pour les régions, aura pour tâche de valider un éventuel accord à l'issue des négociations qui se déroulent à Cuba, en l'absence de cessez-le-feu.
A l'issue du vote, M. Uribe, qui a fondé le parti du Centre démocratique pour répondre à la "trahison" de M. Santos, a encore accusé les autorités de céder face à Cuba et au Venezuela, deux références des Farc.
Accompagné de sa famille, le chef de l'Etat s'est lui félicité d'avoir vécu les "élections les plus sûres et les plus tranquilles dans l'histoire du pays". Selon le ministère de l'Intérieur, les actions armées ont été réduites de 90% par rapport aux précédentes législatives de 2010.
Aucun incident grave n'a de fait été signalé durant le scrutin auquel étaient appelés plus de 32 millions de Colombiens. La police a toutefois annoncé avoir désactivé des explosifs de faible puissance dans plusieurs départements.