Le coeur artificiel développé par le groupe français Carmat pourrait aider 10'000 malades en France et 100'000 en Europe et aux Etats-Unis, ont expliqué samedi ses créateurs et l'équipe ayant réalisé la première implantation cette semaine. Trois autres implantations sont prévues à court terme.
Inventé par le chirurgien français Alain Carpentier, ce coeur artificiel reproduit le fonctionnement du coeur naturel. Il est destiné à des malades souffrant d'une insuffisance cardiaque à un stade terminal et dont l'espérance de vie est très courte.
En France, quelque 350 greffes sont réalisées chaque année, un nombre limité par celui des donneurs. "Mais il y a beaucoup plus de malades qui attendent: on pense qu'il y a au moins 10'000 patients qui pourraient à terme bénéficier de ce genre de substitution", a déclaré Jean-Noël Fabiani, chef du service de l'Hôpital Georges Pompidou où s'est déroulée l'opération, lors d'une conférence de presse.
En Europe et en Amérique du Nord, 100'000 à 120'000 patients pourraient potentiellement bénéficier de cette technologie, pour un marché mondial estimé à environ 16 milliards d'euros (près de 20 milliards de francs), selon Carmat.
Le prix de ce coeur est estimé par les analystes entre 140'000 et 180'000 euros, alors qu'une transplantation classique coûte 250'000 euros en France et presque un million de dollars ( 896'000 francs) aux Etats-Unis, selon des chiffres communiqués par Carmat.
Philippe Pouletty, un des fondateurs de la société, estime dans un entretien publié samedi par le quotidien "Le Monde" que le coeur de Carmat pourrait coûter environ 150'000 euros, un montant comparable selon lui à celui d'une transplantation, mais il permettrait d'économiser quelque 20'000 euros par an en traitements.
Après le lancement commercial en Europe, Carmat fera les tests nécessaires pour qu'une étude puisse être approuvée par l'agence américaine du médicament, la Federal Drug Agency (FDA).
La première phase des tests, qui doit durer un mois à compter de l'implantation du quatrième malade, portera avant tout sur la sécurité de la prothèse. Au cours d'une seconde phase, Carmat a prévu d'élargir ses tests à 20 malades tout en augmentant les centres d'implantation en France et à l'étranger.
Quant au patient opéré mercredi, il "progresse et récupère", a indiqué samedi le Pr Christian Latrémouille, qui a réalisé l'opération à l'hôpital Georges-Pompidou sous la direction du Pr Alain Carpentier.