La chancelière allemande Angela Merkel a tendu la main à David Cameron. Son homologue britannique est réduit à encaisser la défaite sur la désignation du Luxembourgeois Jean-Claude Juncker à la tête de la Commission européenne.
"Nous devons faire en sorte de trouver un large terrain d'entente sur le contenu" des politiques européennes dans les prochaines années, a affirmé Mme Merkel à son arrivée à une réunion de la droite européenne avant l'ouverture d'un sommet de l'UE.
Lâché dans la foulée par ses alliés suédois Fredrik Reinfeldt et néerlandais Mark Rutte, avec lesquels il avait organisé il y a deux semaines une conjuration des anti-Juncker, M. Cameron a dû en prendre acte.
"Il y aura un vote demain et nous verrons son issue. Mais il est absolument vital que les gens sachent que je fais ce que je dis", a-t-il encore martelé à la BBC.
S'il a jugé que ses homologues commettaient une erreur en cédant au Parlement européen sur leurs prérogatives concernant la nomination du chef de l'exécutif européen, il a exclu d'agiter la menace d'une rupture.
Le nouveau Premier ministre conservateur finlandais, Alexander Stubb, a lui aussi tenté de lui faciliter la tâche, en souhaitant que les chefs d'Etat et de gouvernement fixent à M. Juncker un programme de "libéralisation" économique, "plus près de la position britannique".
Pour les tenants de l'orthodoxie budgétaire, l'enjeu est de ne pas perdre l'allié britannique face à l'offensive de la gauche européenne en faveur d'une plus grande souplesse dans l'application des règles budgétaires.
Les dirigeants sociaux-démocrates, emmenés par le Français François Hollande et l'Italien Matteo Renzi, avaient apporté leur soutien à M. Juncker dès le week-end dernier. Mais en échange, ils réclament une plus grande flexibilité dans l'application du Pacte de stabilité, pour soutenir l'investissement et la croissance.
Angela Merkel a répété mercredi son refus de modifier ce Pacte. Les dirigeants européens devraient s'entendre sur la nécessité d'exploiter toutes les marges existantes, selon un projet de conclusions obtenu par l'AFP.
Les 28 dirigeants ont mis momentanément de côté leurs querelles pour rendre hommage aux millions de morts de la Première Guerre mondiale, près d'un siècle après l'attentat de Sarajevo qui, le 28 juin 1914, avait déclenché le conflit.
Ils ont symboliquement ouvert leur sommet dans la ville martyre d'Ypres, au nord-ouest de la Belgique, théâtre de plusieurs batailles majeures et de la première utilisation d'armes chimiques.
Leur dîner doit être consacré aux priorités de l'UE, et donc au programme de la Commission, pour les cinq prochaines années, avant la désignation de M. Juncker comme président vendredi.