La socialiste Michelle Bachelet a largement remporté dimanche l'élection présidentielle au Chili devant la conservatrice Evelyn Matthei. Elle devra désormais relever le défi de mettre en oeuvre les profondes réformes promises.
Mme Bachelet a été élue avec environ 63% des voix, selon des résultats partiels, portant sur 70% des bureaux de vote. Elle est devenue la première ex-présidente à remporter un deuxième mandat en plus de 60 ans. Mme Matthei a reconnu sa défaite et félicité la nouvelle présidente.
Après un premier mandat (2006-2010) achevé avec une popularité record, l'ex-présidente socialiste n'avait pu immédiatement se représenter. La Constitution interdit d'exercer deux mandats consécutifs. Nommée directrice exécutive de l'ONU Femmes, elle avait alors quitté Santiago pour New York où elle a noué de nombreux contacts.
Appuyée par une large coalition de gauche qui a raflé la majorité des sièges (67 sur 120) aux élections parlementaires du 17 novembre, la présidente est consciente des attentes de la société chilienne, en particulier les jeunes.
Elle propose de mettre en marche d'importants changements portant notamment sur une révision de la Constitution héritée de la dictature. Elle souhaite aussi une réforme fiscale qui permettrait de recueillir 8,2 milliards de dollars consacrés à une importante refondation du système éducatif.
La nouvelle présidente du Chili hérite d'une économie un peu essoufflée avec le ralentissement de l'économie mondiale et la baisse des prix du cuivre. Mme Bachelet devra affronter des revendications sociales lancées par les mouvements étudiants qui réclament une éducation publique gratuite et de qualité.
Rompant avec le style figé de la classe politique traditionnelle, cette femme divorcée, mère de trois enfants et grand-mère, s'est fortement engagée en faveur de l'amélioration des droits des femmes dans un pays ultraconservateur.
Souriante, chaleureuse, celle que les Chiliens appellent simplement Michelle n'hésite pas à serrer les gens dans ses bras ou à danser et chanter en public si l'occasion se présente.