Les élections européennes ont été marquées dimanche par une forte poussée des extrêmes. En témoigne le triomphe du Front national en France, où il a provoqué un séisme politique en devenant le premier parti du pays. En Grèce, la gauche radicale Syriza arrive en tête, alors que le parti néonazi Aube dorée devrait entrer au parlement européen.
En France, le Front national (FN) de Marine Le Pen est arrivé largement en tête avec un score historique de 25,4%, selon des résultats quasi définitifs communiqués par le ministère de l'Intérieur et portant sur 42 millions d'inscrits sur 46. Il décrocherait 23 à 25 sièges sur les 74 accordés à la France.
Le parti d'extrême droite devance largement l'UMP (20,8%), alors que le Parti socialiste subit une nouvelle déroute avec moins de 13,97% des suffrages, ce qui constitue son plus bas niveau historique.
En Grèce, le parti de la gauche radicale Syriza d'Alexis Tsipras arrivait en tête avec 26,7% des voix, selon des projections officielles. Il devance la Nouvelle-Démocratie au pouvoir (droite, 22,8%). A l'autre bout de l'échiquier politique, le parti néonazi Aube dorée obtiendrait 9,3% des voix.
Le parti d'extrême droite autrichien FPÖ progresse lui aussi et arrive en troisième position, avec 20,5% des suffrages, en hausse de près de huit points par rapport à 2009. Les chrétiens-démocrates de l'ÖVP sont en tête (27,3%), devant les sociaux-démocrates (24,2%), selon les résultats définitifs compilés par l'agence de presse APA.
En Grande-Bretagne, l'Ukip europhobe était largement en tête des européennes, devant les trois partis traditionnels après dépouillement dimanche soir des résultats dans 8 des 12 régions, avec un score historique de 29%. A ce stade, l'Ukip comptait 18 sièges, devant les conservateurs 13 (23,9%) et le Labour 13 (23,8)%.
L'Allemagne envoie le plus fort contingent d'élus au Parlement européen (96). Sans surprise, les conservateurs (CDU/CSU) de la chancelière Angela Merkel sont arrivés en tête avec 35,3% des voix, après dépouillement dans toutes les circonscriptions, un score en baisse par rapport à 2009.
Mais le nouveau parti anti-euro AfD, qui plaide pour une dissolution de la monnaie unique européenne, fera son entrée au Parlement avec un score de 7%. Les sociaux-démocrates enregistrent une forte progression, à 27,3%.
En Pologne (51) aussi, un petit parti europhobe, le Congrès de la nouvelle droite (KNP), est sur le point de décrocher ses premiers mandats d'eurodéputés en obtenant 7,2% des voix, selon un sondage de sortie des urnes. Le parti de centre-droit au pouvoir est arrivé en tête avec 32,8% des voix.
Le parti anti-islam PVV a subi un échec aux Pays-Bas, en n'obtenant que 12% des voix contre près de 18% il y a cinq ans. Mais la défiance vis-à-vis de l'Europe pourrait aussi s'exprimer en Italie (73 élus), à travers le mouvement du populiste Beppe Grillo.
La participation est estimée à 43,09% dans l'ensemble des Vingt-Huit, annonce le parlement européen dimanche soir sur son site internet. Cette mobilisation est sensiblement équivalente à celle des précédentes élections européennes en 2009 (43%).
Au total, les forces anti-européennes décrocheraient 140 sièges. Pas assez pour bloquer la construction européenne, mais suffisamment pour donner de la voix et bousculer les partis traditionnels.