Abdel Fattah al-Sissi, l'ex-chef de l'armée qui a destitué le président islamiste élu Mohamed Morsi, a promis que l'armée ne jouerait aucun rôle au pouvoir en Egypte s'il est élu lors de l'élection présidentielle de fin mai. Il a aussi annoncé la disparition des Frères musulmans du pays.
Le maréchal à la retraite, véritable homme fort de l'Egypte depuis qu'il a annoncé l'arrestation de M. Morsi le 3 juillet, est assuré de remporter la présidentielle prévue les 26 et 27 mai, selon les experts, tant il est populaire et parce qu'un seul autre candidat ose l'affronter. Il s'agit d'Hamdine Sabahi, arrivé 3e lors du scrutin de 2012 remporté par M. Morsi.
"L'armée ne jouera pas de rôle au pouvoir en Egypte", a déclaré M. Sissi au cours d'une interview enregistrée diffusée par deux chaînes de télévisions privées. Il s'agit de sa première interview depuis qu'il a annoncé officiellement sa candidature il y a deux semaines.
Le gouvernement intérimaire que M. Sissi a installé dès son coup de force du 3 juillet mène, depuis, une implacable et sanglante répression contre les partisans de M. Morsi, seul chef de l'Etat jamais élu démocratiquement en Egypte, et contre les Frères musulmans.
"Il n'y aura rien qui ressemble aux Frères musulmans sous votre présidence?", a demandé une journaliste. "Oui, c'est cela", a rétorqué fermement M. Sissi.
Depuis le 3 juillet, policiers et soldats ont tué plus de 1400 manifestants pro-Morsi et emprisonné plus de 15'000 de ses partisans, selon les organisations de défense des droits de l'Homme. Des tribunaux ont condamné à mort des centaines d'entre eux après une seule journée d'audience dans des "procès de masse sans précédent dans l'Histoire récente" de l'humanité, selon l'ONU.
Depuis son coup de force, le maréchal Sissi jouit d'une très grande popularité à mesure que le pouvoir qu'il dirige de facto réprime les islamistes. La quasi-totalité des médias, publics comme privés, applaudissent à chaque manifestation réprimée, arrestation de pro-Morsi ou condamnation à mort.
"Il y a eu deux tentatives pour m'assassiner. Mais je crois au destin, je n'ai pas peur", a toutefois indiqué Sissi au journaliste qui l'interrogeait à ce sujet. Il n'a pas précisé quand avaient eu lieu ces tentatives.