Un petit point en deux matchs contre l'Ukraine (défaite 2-1) et l'Allemagne (1-1), c'est presque chiche pour l'équipe de Suisse sur ce début de Ligue des nations.
Mais à défaut - pour l'instant - d'avoir des résultats probants, celle-ci a au moins avancé sur le plan du jeu.
Avoir un style et l'affirmer, c'est bien. Cela dit beaucoup des certitudes et des intentions qui peuvent animer un entraîneur ainsi que ses joueurs. Dans la recherche de l'identité d'une équipe, il s'agit là du meilleur moyen par lequel passer. Car sans idées, on ne fait pas grand-chose en football. On ne sait pas où l'on va, dans quelle direction et pour quoi faire. Cela n'augure jamais rien de très bon.
Mais assumer son style, c'est encore mieux. Surtout lorsque l'adversaire n'est pas une variable d'ajustement, mais simplement un élément à prendre en compte pour réciter au mieux sa partition. De Lviv à Bâle, de l'Ukraine à l'Allemagne, l'équipe de Suisse n'a pas fait de cas pour son retour à la compétition. Les dix mois sans se réunir laissaient imaginer certains larmoiements et automatismes à retrouver, il n'en a rien été.
La fierté d'un sélectionneur
'Je suis fier de la performance mon équipe, a tonné Vladimir Petkovic dimanche. Et pas seulement pour ce soir, ce n'était que le terme de cette semaine. Nous avons bien travaillé, nous avons bien vécu ensemble.' Comme si rien n'avait séparé le Gibraltar de novembre 2019 et l'Ukraine de septembre 2020, comme si la pandémie avait juste offert du temps à Petkovic d'affiner son approche, comme si les internationaux suisses, bien que privés de cadres de choix (Xherdan Shaqiri, Fabian Schär, Denis Zakaria, Admir Mehmedi), avaient été mis au parfum durant leurs longues journées confinées, la Suisse a repris de là où elle en était restée, en ajoutant des éléments supplémentaires à sa palette. Elle a simplement pour l'instant zappé d'y inclure le résultat.
Mais c'est le privilège de la Ligue des nations: pouvoir se tester contre des adversaires d'un niveau intéressant, qui seront à même d'offrir une réponse sérieuse à toute tentative de construction, sans devoir tout remettre en question si un score ne devait pas valider le travail effectué. Vladimir Petkovic l'avait compris dès sa première édition, il y a deux ans et ambitionne visiblement de continuer à en profiter: c'est la compétition idoine pour faire progresser son équipe.
De jeudi à dimanche, il y a même eu un mieux. Un point en plus bien sûr, puisque le 1-1 contre l'Allemagne a suivi la défaite 2-1 en Ukraine. 'Un minimum au vu de notre prestation ce soir', a relevé après le match de Bâle le sélectionneur. Comme si la progression était immédiate, en un seul réel entraînement entre les deux rencontres? 'Ce n'est pas mathématique, tempère le 'Mister'. L'important, c'est d'avoir le sentiment d'avoir donné le maximum. En Ukraine, nous n'étions pas en état de le faire pendant 90 minutes. Aujourd'hui (réd: dimanche), même avec les difficultés que l'on a eues au début, nous avons pu continuer à tout donner pendant le reste du match.'
Le pressing comme nouvelle identité
Mais il y a des faits. Eux sont mathématiques. Après le seul tir cadré de Lviv, le but de Haris Seferovic, il y en a eu six face au champion du monde 2014. Surtout, la qualité des occasions s'est avérée bien meilleure. Cela s'explique aussi par les approches différentes entre la sélection de Shevchenko et celle de Löw, avec des espaces à disposition. Mais la Suisse a suivi le même procédé. En relançant court, comme elle a toujours cherché à le faire depuis que Petkovic est là, même si elle a prête à prendre toujours plus de risques dans ses seize mètres afin d'agrandir la zone à attaquer plus haut. Cela a très bien fonctionné dimanche.
Surtout, et c'est sans doute le principal enseignement de cette semaine de septembre, l'équipe de Suisse a décidé que dorénavant elle presserait haut, très haut. Et ce tant qu'elle pourrait le faire physiquement, qu'importe l'adversaire. L'Ukraine et l'Allemagne ont perdu un nombre de ballons importants dans leur camp, parce que l'équipe nationale avait prévu son coup, avait choisi de consacrer le un contre un sur tout le terrain, quitte à se découvrir. Parfois, cela a été pris à défaut. C'est normal, ce genre d'attitude est généralement privilégié par les clubs, là où le temps à disposition est un allié. Mais le pas en avant est saisissant et il s'agira de le mesurer dans un test grandeur nature en Espagne en octobre.
Et d'y ajouter des résultats qui permettent d'attester des progrès. 'Je vois le verre à moitié vide, a lâché un Petkovic exigeant. Lors des prochains matchs, il faudra simplement faire en sorte qu'il soit un peu plus rempli.' Il faut croire que la Suisse pourra faire encore mieux lors du rassemblement du mois prochain (un match amical contre la Croatie, avant deux déplacements en Espagne et en Allemagne).
Le contingent devrait être plus large, la concurrence plus féroce. Ce ne sera pas de trop, parce que même si Petkovic a pu se féliciter d'un collectif abouti, aucun statut individuel n'a vraiment changé avec ces deux rencontres. Celui de l'équipe nationale, en revanche, évolue.
/ATS