L'Italie maintient sa ligne dure à l'encontre des ONG venant en aide aux migrants en Méditerranée, à 48 heures d'un mini-sommet européen à Bruxelles qui s'annonce tendu. Le ministre de l'Intérieur Matteo Salvini a réitéré vendredi ses attaques contre Lifeline.
Menace de mise sous sequestre, refus d'ouvrir ses ports, le nouveau gouvernement italien, au pouvoir depuis trois semaines, ne varie pas d'un iota dans sa volonté de réduire au maximum les arrivées de migrants sur ses côtes. Cette fois, c'est une ONG allemande, Lifeline, qui se trouve dans son collimateur.
'Le bateau illégal Lifeline est maintenant dans les eaux maltaises avec son chargement de 239 migrants. Pour la sécurité de l'équipage et des passagers nous avons demandé que Malte ouvre ses ports', a affirmé vendredi sur Twitter le ministre italien de l'Intérieur, Matteo Salvini. 'Evidemment, ce bateau devra ensuite être mis sous séquestre et son équipage arrêté', a-t-il ajouté.
De source proche du gouvernement maltais, on indique toutefois qu'aucune demande officielle n'est parvenue et que le bâtiment Lifeline n'a lui-même rien demandé. Et vendredi soir, le ministre italien des Transports Danilo Toninelli, annonçait le refus maltais d'accueillir le Lifeline. Il a posté sur sa page Facebook une photo d'un courriel des forces armées maltaises déclarant à l'appui que ce navire n'avait pas émis d'appel de détresse.
Menace de mise sous séquestre
Ce dernier avait déjà annoncé jeudi sa volonté de mettre sous sequestre le Lifeline et l'autre bateau de cette ONG allemande, le Seafuchs. Il avait jugé qu'ils naviguaient de manière illégale, ce que conteste cette ONG.
Ce nouvel épisode de la bataille engagée par le gouvernement italien contre les ONG intervient moins d'une semaine après l'odyssée d'un autre navire humanitaire, l'Aquarius. Le bâtiment avait été contraint de rallier l'Espagne après le refus des Italiens et des Maltais d'ouvrir leurs ports aux 630 migrants qu'il transportait.
'Plus un pays à vendre'
La nouvelle coalition entre la Ligue (extrême droite) de Matteo salvini et le Mouvement Cinq Etoiles (M5S, antisystème) a également décidé de hausser le ton en Europe. 'L'Italie n'est plus un pays à vendre, occupé, un peu français, un peu allemand', a lancé vendredi en marge d'un meeting électoral à Sienne, Matteo Salvini, omniprésent dans les médias et qui s'est imposé comme l'homme fort du nouveau gouvernement italien.
A deux jours d'un mini-sommet à Bruxelles centré sur la question des migrations en Europe, le gouvernement populiste à Rome veut faire 'entendre sa musique' à Bruxelles. Avec ce gouvernement, 'l'Italie n'a jamais été aussi au centre' des discussions, a encore dit M. Salvini, citant le coup de téléphone jeudi de la chancelière allemande Angela Merkel au président du Conseil italien Giuseppe Conte.
Tentée par un boycott de ce mini-sommet à Bruxelles, l'Italie a finalement confirmé sa participation après avoir été rassurée par Mme Merkel. L'agacement de Rome tient au fait que le projet de conclusions du sommet, qui a fuité dans la presse, aborde insuffisamment la question de la protection des frontières européennes pour se concentrer sur le redéploiement des migrants dès lors qu'ils sont déjà arrivés en Europe.
/ATS