La Cour constitutionnelle du Zimbabwe a commencé mercredi à examiner une requête de l'opposition visant à annuler l'élection du président sortant Emmerson Mnangagwa. Le recours semble toutefois n'avoir que peu de chances d'aboutir malgré les accusations de fraude.
Dans une salle d'audience pleine à craquer en présence des avocats des nombreuses parties au dossier, le président de la plus haute instance juridique du Zimbabwe, Luke Malaba, a ouvert les débats peu après 10h00 en fixant les règles du jeu. 'Chaque partie doit respecter les règles de ce tribunal. Vous disposez de vingt minutes pour présenter vos arguments', a-t-il dit.
Le Mouvement pour un changement démocratique (MDC) accuse le parti au pouvoir depuis l'indépendance du pays en 1980, la Zanu-PF, d'avoir truqué le scrutin du 30 juillet, le premier depuis la chute de Robert Mugabe il y a huit mois. Installé à la tête du pays en novembre par l'armée et la Zanu-PF, M. Mnangagwa l'a officiellement emporté avec 50,8% des suffrages et évité de peu un second tour face à son rival du MDC, Nelson Chamisa, crédité de 44,3% des voix.
'Pour nous, c'est le jour J', a déclaré à la presse un dirigeant du MDC, Morgan Komichi, en arrivant au tribunal. 'Nous disposons de tous les éléments pour prouver que notre demande est justifiée: c'est notre parti qui a gagné les élections', a-t-il plaidé.
'J'ai gagné ce procès avant même qu'il ne commence', avait toné quant à lui le chef de l'Etat le week-end dernier. 'Ce scrutin a été jugé libre et honnête', a-t-il poursuivi. 'Pourquoi voulez-vous que je perde?' Les observateurs internationaux ont pour la plupart accordé leur onction au déroulement du scrutin. Seuls ceux de l'Union européenne ont relevé une 'inégalité des chances' entre le sortant et ses rivaux, notamment en matière d'accès aux médias.
Verdict d'ici vendredi
L'audience de mercredi est diffusée en direct par la télévision publique zimbabwéenne. Les neuf juges de la plus haute instance juridique du pays doivent rendre leur verdict d'ici à vendredi. La Cour peut confirmer les résultats, les invalider et appeler à un nouveau scrutin ou ordonner un recomptage des voix.
A en croire les experts, il y a peu de chance pour que les juges se rangent aux arguments de l'opposition. 'Leur verdict est éminemment prévisible, il n'y a absolument aucune chance pour qu'ils invalident les résultats de l'élection', a pronostiqué Derek Matyszak, expert juridique à l'université du Zimbabwe. 'La justice est considérée comme partisane.'
La requête du MDC a déjà provoqué le report de la cérémonie d'investiture du président Mnangagwa, initialement prévue le 12 août. Si la Cour confirme sa victoire, elle doit se tenir dans les quarante-huit heures qui suivent sa décision.
/ATS