C’est une figure marquante de l’Eglise catholique jurassienne qui s’en va. Jacques Oeuvray est décédé ce mercredi 9 octobre à Yaoundé au Cameroun où l’Ajoulot était arrivé en séjour. Des ennuis de santé ont nécessité une hospitalisation rapide à laquelle le prêtre jurassien n’a pas survécu.
Né à Coeuve en 1943, Jacques Oeuvray a d’abord été typographe à La Bonne Presse à Porrentruy puis rotativiste au journal « Le Pays » avant de prendre la route du séminaire diocésain de Fribourg. Ordonné prêtre dans son village en 1974, il est ensuite nommé vicaire à Moutier (1974-1978) puis doyen de Porrentruy (1978-1985) où il créé une « équipe pastorale », façon nouvelle de travailler qui démontrait déjà ses qualités de visionnaire. Jacques Oeuvray prend ensuite la direction de Delémont (1985-1998). C’est durant cette période qu’il succède à Louis Freléchoz comme chanoine de la République et Canton du Jura, poste qu’il remettra en 2011 à Jean-Marie Nusbaume. Il revient ensuite terminer sa carrière dans son Ajoie natale. D’abord à Boncourt (1998-2009) puis comme chapelain de Lorette à Porrentruy, lieu qu’il habitait toujours, jusqu’à son départ au Cameroun début octobre.
Le seul qui disait la messe en patois
Jacques Oeuvray était aussi un prédicateur hors-pair, particulièrement lors des messes en patois au cours desquelles ses sermons ont marqué tous les patoisants. « Avec le pape, je crois bien que je suis le seul qui me fait applaudir à la fin des homélies », affirmait-il avec le sourire au coin des lèvres, lui qui n’avait pas son pareil pour raconter des histoires drôles, en français comme en patois. Il fut d’ailleurs chroniqueur sur RFJ pour « Aittieuds djâse patois » mais aussi pour « Le Mot de la semaine », rendez-vous spirituel.
Son départ marque peut-être la fin d’une longue histoire pour le patois jurassien. Depuis 30 ans, Jacques Oeuvray disait la messe dans cette langue quelques fois par année et était le seul prêtre à maîtriser ce qui était devenu une tradition.
Des engagements ici et ailleurs
Jacques Oeuvray était aussi engagé dans moult organisations. On citera notamment le fait qu’il fut parmi les fondateurs du Secours d’hiver à la naissance du Canton. Mais surtout, en 1996, l’Ajoulot créa une association pour soutenir l’Institut Populorum Progressio d’Elig-Mfomo au Cameroun. Avec l’appui de divers acteurs politiques et publics jurassiens, il a mis sur pied puis développé un institut agricole, à Obala. Le Cameroun, un pays pour lequel Jacques Oeuvray s’engagea de tout son cœur, jusqu’à y offrir ses derniers battements. /clo
Il y a quelques années, lors d'une interview, Cyprien Lovis avait demandé à Jacques Oeuvray de lui décrire le Jurassien... Sa réponse :
Jacques Oeuvray : « Le Jurassien ? Il a les pieds sur terre et un cœur grand comme ça ! »
Ce dimanche à 12h40 sur RFJ, la chronique du patois « Aittieuds djâse patois » rendra hommage à l'abbé Jacques Oeuvray.









