Jacques Oeuvray est parti « vâs lo Bon Dûe »

Ancien chanoine du Canton du Jura, le prêtre ajoulot, figure de l’Eglise catholique et du patois ...
Jacques Oeuvray est parti « vâs lo Bon Dûe »

Ancien chanoine du Canton du Jura, le prêtre ajoulot, figure de l’Eglise catholique et du patois, est décédé ce mercredi au Cameroun dans sa 81e année.

Jacques Oeuvray a œuvré dans les régions de Moutier, Delémont, Porrentruy et Boncourt durant ses différents ministères. (photo : cath-ajoie.ch) Jacques Oeuvray a œuvré dans les régions de Moutier, Delémont, Porrentruy et Boncourt durant ses différents ministères. (photo : cath-ajoie.ch)

C’est une figure marquante de l’Eglise catholique jurassienne qui s’en va. Jacques Oeuvray est décédé ce mercredi 9 octobre à Yaoundé au Cameroun où l’Ajoulot était arrivé en séjour. Des ennuis de santé ont nécessité une hospitalisation rapide à laquelle le prêtre jurassien n’a pas survécu.

Né à Coeuve en 1943, Jacques Oeuvray a d’abord été typographe à La Bonne Presse à Porrentruy puis rotativiste au journal « Le Pays » avant de prendre la route du séminaire diocésain de Fribourg. Ordonné prêtre dans son village en 1974, il est ensuite nommé vicaire à Moutier (1974-1978) puis doyen de Porrentruy (1978-1985) où il créé une « équipe pastorale », façon nouvelle de travailler qui démontrait déjà ses qualités de visionnaire. Jacques Oeuvray prend ensuite la direction de Delémont (1985-1998). C’est durant cette période qu’il succède à Louis Freléchoz comme chanoine de la République et Canton du Jura, poste qu’il remettra en 2011 à Jean-Marie Nusbaume. Il revient ensuite terminer sa carrière dans son Ajoie natale. D’abord à Boncourt (1998-2009) puis comme chapelain de Lorette à Porrentruy, lieu qu’il habitait toujours, jusqu’à son départ au Cameroun début octobre.


Le seul qui disait la messe en patois

Jacques Oeuvray était aussi un prédicateur hors-pair, particulièrement lors des messes en patois au cours desquelles ses sermons ont marqué tous les patoisants. « Avec le pape, je crois bien que je suis le seul qui me fait applaudir à la fin des homélies », affirmait-il avec le sourire au coin des lèvres, lui qui n’avait pas son pareil pour raconter des histoires drôles, en français comme en patois. Il fut d’ailleurs chroniqueur sur RFJ pour « Aittieuds djâse patois » mais aussi pour « Le Mot de la semaine », rendez-vous spirituel.

Son départ marque peut-être la fin d’une longue histoire pour le patois jurassien. Depuis 30 ans, Jacques Oeuvray disait la messe dans cette langue quelques fois par année et était le seul prêtre à maîtriser ce qui était devenu une tradition.

Jacques Oeuvray, ici entouré de plusieurs membres de la chorale des patoisants d’Ajoie et du Clos-du-Doubs, aimait dire la messe en patois. (photo : jurapastoral.ch) Jacques Oeuvray, ici entouré de plusieurs membres de la chorale des patoisants d’Ajoie et du Clos-du-Doubs, aimait dire la messe en patois. (photo : jurapastoral.ch)

Des engagements ici et ailleurs

Jacques Oeuvray était aussi engagé dans moult organisations. On citera notamment le fait qu’il fut parmi les fondateurs du Secours d’hiver à la naissance du Canton. Mais surtout, en 1996, l’Ajoulot créa une association pour soutenir l’Institut Populorum Progressio d’Elig-Mfomo au Cameroun. Avec l’appui de divers acteurs politiques et publics jurassiens, il a mis sur pied puis développé un institut agricole, à Obala. Le Cameroun, un pays pour lequel Jacques Oeuvray s’engagea de tout son cœur, jusqu’à y offrir ses derniers battements. /clo

Il y a quelques années, lors d'une interview, Cyprien Lovis avait demandé à Jacques Oeuvray de lui décrire le Jurassien... Sa réponse :

Jacques Oeuvray : « Le Jurassien  ? Il a les pieds sur terre et un cœur grand comme ça ! »

Ce dimanche à 12h40 sur RFJ, la chronique du patois « Aittieuds djâse patois » rendra hommage à l'abbé Jacques Oeuvray.


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