Le dirigeant chinois déchu Bo Xilai, dont le procès tient en haleine la Chine, a accusé dimanche son ex-chef de la police d'avoir menti sur la violente altercation qui avait précipité leur chute retentissante. Il a auparavant admis pour la première fois avoir lui-même commis "des erreurs". L'audience a été ajournée à lundi.
"Wang Lijun a menti durant ce procès. Son témoignage n'est absolument pas digne de confiance", a attaqué Bo Xilai, 64 ans, jugé depuis jeudi pour corruption, détournement de fonds et abus de pouvoir dans un tribunal de l'est de la Chine.
Durant son témoignage, le chef policier a décrit samedi la fureur de son ancien patron qu'il venait de prévenir que son épouse, Gu Kailai, était suspectée du meurtre d'un Britannique.
Lors de cette scène extrêmement tendue, qui remonte au 29 janvier 2012, Bo Xilai a asséné un coup de poing à son adjoint, selon ce dernier. M. Wang a précisé que ce coup l'avait fait saigner de la bouche et qu'il avait constaté un écoulement de son oreille.
Mais Bo Xilai n'a lui évoqué qu'une simple "gifle" et a accusé dimanche Wang de mentir sur ces faits.
Tombé en disgrâce
Les deux hommes ont longtemps travaillé en bonne entente, quand Bo Xilai dirigeait le Parti communiste de la métropole de Chongqing (sud-ouest de la Chine), dont l'essor époustouflant servait ses grandes ambitions politiques.
En février 2012, brutalement tombé en disgrâce, le chef de la police avait révélé dans un consulat américain les graves méfaits survenus à Chongqing. Il a entraîné dans sa chute Bo Xilai et a lui-même été condamné à 15 ans de réclusion.
"Des erreurs"
M. Bo avait démenti en bloc jeudi et vendredi avoir reçu l'équivalent de 3,3 millions de francs en pots-de-vin, incluant une villa en France, de la part de deux hommes d'affaires.
En revanche, il a admis samedi avoir commis "des erreurs" et dit "assumer une certaine responsabilité" dans un détournement de cinq millions de yuans (755'000 francs) de fonds publics au profit de sa femme Gu Kailai.