Un nouveau règlement pourrait faire grincer des dents les éleveurs de chevaux jurassiens. Dès l’année prochaine, les juments portantes ou venant de mettre bas ne pourront plus participer aux compétitions officielles de la Fédération suisse des sports équestres, soit pratiquement tous les concours de la région. Cette interdiction concerne les juments portantes à partir du septième mois de gestation et jusqu’au troisième mois après la naissance du poulain.
Ce sont des raisons essentiellement éthiques qui ont poussé la Fédération suisse des sports équestres à introduire ce nouvel article. Pour la vétérinaire cantonale jurassienne Anne Ceppi - qui fait partie de la commission à l’origine de ce règlement - il est par exemple difficile d'accepter que des juments allaitantes soient séparées de leur poulain du matin jusqu'au soir. «Pour la jument, cela peut provoquer des douleurs à la tétine, et cela pose des problèmes éthiques concernant le poulain qui doit rester enfermé toute la journée au box sans voir sa mère.» Anne Ceppi rappelle que la loi suisse sur la protection des animaux parle non seulement de leur bien-être mais aussi de l'éthique. Par ailleurs, selon la vétérinaire cantonale, la Suisse doit se conformer à la règlementation des concours internationaux
La FSFM prône la sensibilisation plutôt que l'interdiction
La Fédération Suisse du Franches-Montagnes a été consultée pour ce nouveau règlement. Elle l’a finalement accepté, même si elle y était opposée. Le président de la FSFM Bernard Beuret craint que le nombre de participants à des concours d'attelage diminue et que certains éleveurs renoncent à saillir des juments, ce qui contribuerait à la régression de l'élevage chevalin en Suisse. Pour Bernard Beuret, une sensiblisation des éleveurs à l'éthique serait plus efficace car les abus sont rares.
Le Marchés-Concours épargné, mais pas les petits éleveurs
Le Marché-Concours de Saignelégier n’est pas touché par le règlement de la Fédération suisse des sports équestres. Le Marché-Concours se déroule en effet à une période où les juments ne sont plus concernées par l’interdiction. Par ailleurs, le Marché-Concours n’est pas une compétition officielle. Il ne va donc pas adapter son règlement, explique le président des courses Jean-Marc Choffat. «Dans nos courses folkloriques, on ne voit pas des efforts exorbitants pour des juments en gestation. Le cheval court librement.» Selon Jean-Marc Choffat, ce seront probablement les petites manifestations hippiques et les petits éleveurs qui seront touchés par cette interdiction, à savoir les personnes qui n’ont pas les moyens d’avoir des animaux uniquement pour la compétition. /jfa
