A la veille de son premier huitième de finale d’un Euro face à la Pologne (samedi, 15h00), l’équipe de Suisse affiche ses ambitions sans complexe. Un changement flagrant comparé aux années précédentes.
« On a 23 joueurs très forts, et on sait qu’on peut gagner ce match. » La phrase signée Fabian Frei illustre à merveille le nouvel appétit de l’équipe de Suisse de football. Fini le temps où l’on se présentait en timide outsider voire en victime expiatoire à l’approche des matchs couperets d’une grande compétition. Comme le faisait remarquer très justement Gelson Fernandes avant l’ouverture de l’Euro, « auparavant se qualifier pour une compétition était un objectif, mais le match de Sao Paulo a ouvert de nouvelles perspectives ». Ce fameux match, un Suisse-Argentine en huitième de finale du mondial brésilien il y a deux ans. Face aux Messi, Lavezzi, Higuain et autre Di Maria, la Nati avait résisté 118 minutes avant de craquer sur un coup d’éclat de l’attaque de l’Albiceleste. Cruel. Mais la Suisse en ressort convaincu qu’elle peut désormais jouer dans la cour des grands. Cette Nati a depuis grandi et gagné en maturité. Cette fois, avant d’affronter la Pologne, ses joueurs osent dévoiler leur force, leur ambition, n’hésitant pas à bomber le torse. « Nous savons tout sur chaque joueur de la Pologne, et pas seulement sur Robert Lewandowski. Donc vous pouvez être sûr que l’on sera très bien préparé. Nous savons aussi comment vous jouez tactiquement. », répond le latéral Michael Lang à un journaliste polonais qui lui demandait ce qu’il savait de cette équipe de Pologne. A ses côtés, son coéquipier Fabian Frei n’hésite pas à en remettre une couche : « Comme mon ami vient de le dire, on sait tout. »
« Il y a quelques années il n’y avait pas autant de confiance qu’aujourd’hui »
Si le joueur de Mayence affiche cette confiance, c’est aussi parce qu’il est issu d’une génération dorée. Celle des Sommer, Xhaka, Shaqiri, Mehmedi, tous finalistes de l’Euro espoir avec la Suisse en 2011 au Danemark. Une expérience qui leur confère aujourd’hui encore une certaine assurance. « C’est clairement un avantage d’avoir des joueurs qui ont déjà montré que l’on peut jouer avec le succès au bout. On a aussi des joueurs qui ont gagné la coupe du monde avec les U17 (NDLR : en 2009 avec notamment Rodriguez et Xhaka). Cela montre qu’on a l’esprit pour gagner des tournois. », explique Fabian Frei. Si vous voulez vaincre, il vous faut des vainqueurs dans l’âme. Voilà en substance le message prêché par cette Nati en quête d’une nouvelle aura dans le football européen. Certains prendront cela pour de l’arrogance. La plupart des compétiteurs savent pourtant que pour gagner, il faut avoir foi en ses qualités. Un discours assumé mais finalement assez nouveau. « Oui c’est clair, il y a quelques années il n’y avait autant de confiance qu’aujourd’hui. Mais maintenant on a aussi beaucoup de joueurs qui ont démontré à l’étranger qu’ils savaient gagner des grands matchs. Alors pourquoi ne pas avoir confiance ? », justifie encore Fabian Frei. Stephan Lichtsteiner fait partie d’une Juventus de Turin qui retrouve son lustre d’antan, Xherdan Shaqiri est passé par le Bayern Munich et l’Inter Milan, Granit Xhaka va enfiler le maillot d’Arsenal. Ce sont ces joueurs de clubs huppés soumis à la dictature de la gagne qui doivent insuffler à la Nati cette nouvelle force de caractère. Elle est visiblement en train de prendre racine. Reste à passer aux actes, là où le terrain sera seul juge de paix. /jpi