Alors que 8 filiales postales sont menacées dans le Jura, pouvant créer par endroits des déserts postaux, le Gouvernement jurassien assure que certaines positions ne seront « pas négociables » avec le géant jaune tout en affichant une certaine « compréhension » des réflexions engagées.
La confirmation des suppressions ou restructurations de bureaux de Poste a fait réagir le Parlement jurassien au lendemain de la publication d’une liste des filiales concernées. Alors que 8 des 17 filiales jurassiennes sont menacées, le député socialiste Raphaël Ciocchi a interpelé le Gouvernement pour savoir s'il entendait agir pour limiter l'ampleur de ce démantèlement. « Personne ne peut nier que nos manières de vivre vis-à-vis de La Poste ont évolué. Certains bureaux ne comptabilisent plus que 10 à 15 transactions par heure et le Gouvernement est conscient que la population jurassienne se rend seulement épisodiquement dans des offices postaux. Nous comprenons les réflexions engagées, mais restons attachés à une offre de qualité, certaines positions ne seront pas négociables », a affirmé à la tribune le ministre David Eray, déplorant par ailleurs que l’exécutif n'ait jamais été associé aux réflexions et n’ait pris connaissance du plan de démantèlement qu’en même temps que les médias.
David Eray : « Le Gouvernement reste attaché au service universel, il faut qu'il y ait une solution proposée »
La filiale de St-Ursanne, par exemple, est menacée de disparition, ce qui laisserait toute la région du Clos du Doubs sans aucun bureau de poste. Une catastrophe aux yeux du député socialiste Nicolas Maître qui tenait justement un bureau de poste dans ce secteur et reste militant auprès du syndicat Syndicom. « C’est une région encore essentiellement rurale avec un vieillissement de la population qui veut qu’il y ait encore beaucoup de personnes âgées pas toutes rompues à l’ère du numérique. Et La Poste ne tient pas compte que la région du Clos du Doubs, avec Soubey, est un peu à part du reste du canton. Il faudrait traverser les tunnels pour trouver un bureau de poste, c’est une aberration », fustige Nicolas Maître. C’est justement pour éviter des déserts postaux que le Gouvernement promet de « rester ferme » dans ses négociations avec le géant jaune.
Nicolas Maître : « La Poste ne tient pas compte du fait que Clos du Doubs soit isolée du reste du canton »
« L’ordonnance sur La Poste dit qu’il faut maintenir quelque chose, donc il faut qu’une solution soit proposée aux citoyens pour que la population jurassienne ait accès au service universel de La Poste. Et nous voyons que certains cas de partenariat avec des commerces répondent parfaitement aux attentes des collectivités publiques et des clients », avance David Eray. « Cette solution a vraiment ses limites », tempère l’ancien buraliste Nicolas Maître.
Des limites au service dans les commerces
« Le ministre semble croire que tous les services sont rendus à travers ces filiales en partenariat. Mais il y a vite des limites quand on veut retirer de l’argent en cash, ça ne remplace pas des services plus spéciaux comme ceux tournés vers l’étranger. Ça reste pour les affaires très courantes. » David Eray a encore assuré que le Gouvernement avait été rassuré sur certains points, notamment une confirmation de La Poste que « 10 offices seront maintenus et qu’aucun licenciement n’est prévu dans le canton du Jura malgré ces fermetures ». À l’inverse, Nicolas Maître alerte sur la suite de ce démantèlement, craignant que la volonté du géant jaune soit, à terme, de n'avoir dans le Jura qu'un seul bureau par district. /jpi