La Suisse soutient un traité contre les pandémies. Alain Berset l'a annoncé lundi à Genève et a signé avec l'OMS un accord pour un dépôt mondial des pathogènes à Spiez (BE). L'organisation veut elle que 10% de la population de chaque Etat soit vaccinée fin septembre.
Dans son discours d'ouverture de la 74e Assemblée mondiale de la santé, qui réunit les 194 membres de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le conseiller fédéral a appelé à attribuer à celle-ci 'des compétences suffisantes' et un financement durable. Notamment pour le programme d'urgence face aux situations comme la pandémie.
Plusieurs investigations internationales indépendantes ont récemment mis en cause l'OMS et les Etats dans leur réponse à la crise. Elles ont conclu que l'organisation n'avait pas les ressources pour accomplir les tâches qui lui sont demandées.
La Suisse veut un renforcement de l'OMS. Elle soutient notamment le scénario d'un traité contre les pandémies, lancé par l'UE, pour mieux anticiper la prochaine. 'Nous avons souvent été dépassés', a encore affirmé le conseiller fédéral. 'Nous pouvons tous faire mieux'.
Les Etats membres devront décider cette semaine lors de cette réunion en ligne depuis Genève s'ils ouvrent des négociations sur un traité. Des divergences sont observées entre ceux qui souhaitent des discussions immédiates et ceux qui aimeraient attendre un peu.
Macron pour un pouvoir d'investigation
La collaboration entre Etats face à la pandémie n'est pour le moment pas suffisante, a admis le conseiller fédéral. 'Nous n'y sommes pas parvenus', a-t-il dit, appelant à des avancées.
Comme M. Berset, le président français Emmanuel Macron a estimé que 'la réponse ne peut être que multilatérale' et souhaite que l'OMS puisse mener des investigations, par des équipes rapides, en cas de pathogène important pour la sécurité sanitaire mondiale. Un avis partagé par la chancelière allemande, qui se dit aussi favorable à un Conseil mondial des menaces sanitaires.
Côté vaccins, un tiers des habitants des pays les plus riches ont déjà eu au moins une première dose. Ils ne sont que 0,3% dans les pays pauvres. Sans une meilleure répartition, des vagues supplémentaires pourraient provoquer 'des centaines de milliers' de décès et ralentir la reprise économique, a asséné lundi le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres.
Face à ces défis, le directeur général de l'OMS Tedros Adhanom Ghebreyesus a établi de nouveaux objectifs devant l'Assemblée mondiale, alors qu'au moins 115'000 travailleurs de la santé ont succombé au coronavirus. Il demande que 10% de la population de chaque Etat soit vaccinée d'ici fin septembre et au moins 30% d'ici la fin de l'année. Il manque 250 millions de doses pour les quatre prochains mois.
Selon M. Tedros, les entreprises pharmaceutiques 'doivent faire leur part'. Il souhaite qu'elles réservent 50% de leurs volumes cette année à Covax.
Dépôt mondial à Spiez
Les Etats-Unis et l'UE ont annoncé récemment partager des doses de vaccin. La Suisse a promis 300 millions de francs, qui doivent être votés par le Parlement, pour l'accélérateur contre la pandémie, dont un tiers pour Covax. Elle étudie aussi la possibilité de partager trois millions de doses si le vaccin AstraZeneca est homologué. Toutes ces mesures pourraient être déployées en juin, selon l'Office fédéral de la santé publique (OFSP).
Dans son discours, M. Berset a encore réaffirmé la préférence de la Suisse pour des licences volontaires des entreprises pharmaceutiques pour accélérer la production de vaccins. Il n'a pas mentionné la levée provisoire de brevets, proposée par plusieurs Etats à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et à laquelle Berne est opposée.
Autre action de la Suisse, Berne avait proposé à l'OMS d'utiliser le laboratoire de Spiez pour accueillir un dépôt mondial du coronavirus et d'autres pathogènes, initiative validée par l'organisation. De quoi faciliter la recherche et la collaboration entre laboratoires, alors que plusieurs pays se sont dits volontaires pour partager leurs virus. Lundi, M. Berset a signé un accord avec M. Tedros pour formaliser ce dispositif.
Il a mentionné devant la presse un coût 'supportable' pour la Suisse, qu'il n'a toutefois pas souhaité dévoiler. Impossible aussi de dire quand les premiers échantillons de pathogènes vont arriver. L'organisation du dispositif est 'prête', affirme le conseiller fédéral.
Autre défi, celui du certificat vaccinal international. La Suisse souhaite que la collaboration dépasse le cadre européen et soit pilotée par l'OMS quand la vaccination sera suffisante partout. 'C'est encore un peu tôt', affirme le conseiller fédéral.
/ATS