Mardi soir, Liverpool renversait Barcelone 4-0 en Ligue des Champions de football après avoir sombré 3-0 à l’aller. Le lendemain, les Londoniens de Tottenham retournaient l’Ajax alors qu’ils étaient menés 3-0 à la mi-temps sur l’ensemble des deux matches. De quoi nous rappeler qu’en dépit des pronostics, des statistiques, des adversaires sur le papier, la glorieuse incertitude du sport se garde encore le droit de distribuer une part de sa magie. Mais, visiblement, certains n’y croient pas. Notamment du côté du BC Boncourt, actuellement engagé en quart de finale de play-off de Swiss Basketball League. Les Jurassiens sont opposés depuis samedi dernier à l’ogre du basket suisse, Fribourg Olympic. Ils sont d’ailleurs menés 2-0 dans la série. Même avant cela, leurs propres dirigeants ne semblaient pas croire à un exploit, ni même à une lutte acharnée. Quelques signaux lancés aux joueurs ont inspiré un commentaire à Jérémie Pignard :
L'édito de Jérémie Pignard
Ça commence mi-avril, avant le début de quart de finale de play-off. Les partenaires et sponsors, dont RFJ, reçoivent une invitation pour la soirée des partenaires du BCB organisée au Casino Barrière à Courrendlin le 16 mai. Un rapide coup d’œil au calendrier... et paf ! Ça tombe le jour d’un éventuel match 5 en quart de finale.
On croit halluciner. Mais non, la direction du club a bien programmé une soirée « petits fours » alors que son équipe peut potentiellement se battre ce soir-là pour un retentissant exploit. Exploit auquel on ne croit visiblement pas. Quel manque de respect envers les joueurs ! Ces compétiteurs, professionnels doit-on le rappeler, payés justement pour avoir foi en leur capacité à déjouer les pronostics. Programmer une soirée un jour de match éventuel, c’est dire aux joueurs : « on ne croit pas en vous ». C’est dire aux sponsors : « on ne croit pas en l’équipe pour laquelle vous versez de l’argent ». C’est dire aux supporters : « nous n’avons pas les mêmes rêves fous que vous ». Plus que ça, c’est une insulte au sport. C’est croire que tout est figé, qu’il n’y a plus rien à jouer puisqu’on sait qu’en face, ils sont plus forts que nous. C’est croire que le papier conditionne le terrain. Emmener Fribourg Olympic au match 5, est-ce beaucoup plus dingue que de remonter trois buts au Barça de Lionel Messi ?
Mais on a multiplié les messages subliminaux pour montrer aux joueurs que la saison était déjà finie. Ces derniers jours, ils ont reçu des informations pour rendre les véhicules mis à disposition par le club, ont entamé des démarches pour la restitution de leurs appartements. « Rien de nouveau sous le soleil » selon la présidence, « ça se passe comme ça depuis des années parce que les joueurs, notamment étrangers, veulent rentrer dans leurs familles au plus vite après la fin de saison ». Messieurs, vous en conviendrez, ça n’entretient quand même pas la foi en un exploit sportif.
Difficile également de se sentir encouragé quand on constate mardi soir à Fribourg qu’aucun membre du comité n’est présent pour un match aussi important. Alors je n’ai qu’un seul souhait. Un seul rêve jubilatoire. Zach, Brandon, Robert, Marlon, Vincent, Cédric, Amir, D’jo Berthi, Maxime, Travis, s’il vous plaît, poussez Fribourg au 5e match ! Pour que la sueur du sport coule dans le champagne des pessimistes.