L’urgence sanitaire pousse parfois à l’ingéniosité et au recours au « système D ». En France voisine, face à la pénurie de masque, l’Hôpital Nord Franche-Comté (HNFC) situé à Trévenans utilise depuis ce mercredi des masques de plongée pour protéger son personnel soignant. Un objet de loisir que tout le monde pouvait encore s’acheter il y a quelques semaines dans la grande enseigne Décathlon ! Les ingénieurs de l’Université de Technologie de Belfort-Montbéliard (UTBM) ont fabriqué, grâce à une imprimante 3D, une pièce pour adapter le masque aux filtres à air utilisés dans les hôpitaux. « Ce projet nous a été proposé via un marathon de l’innovation, le « Hacking Health » à Besançon qui a lui-même été approché par l’hôpital. Nous sommes juste à côté de l’hôpital et nous avions les moyens pour réaliser le projet. Ces masques sont plus efficaces encore qu’un filtre FFP2, puisque nous l’avons adapté pour des filtres issus des appareils de respiration », explique Olivier Lamotte, chef de projet à l’UTBM.
Olivier Lamotte, chef de projet à l'UTBM
Sans le même temps, l’enseigne Décathlon, mise au courant de cette trouvaille, a aussitôt fait don de 65 masques à l’hôpital Nord Franche-Comté. Ce matériel de fortune a été validé puis adopté à partir de ce mercredi 1er avril (non, ce n’est pas un poisson) par l’équipe de réanimation de l’HNFC. « Cette modification garantit une protection optimale des personnels contre l’inhalation du virus, en plus de la protection contre les projections au niveau du visage assurée par le port du masque. Cette pièce est conçue pour assurer une parfaite étanchéité et être compatible avec la majorité des filtres disponibles. Ces masques ont l’immense avantage d’être réutilisables : il suffit de les désinfecter par trempage, de changer la pièce de raccord fournie par l’UTBM et le filtre entre chaque utilisation », salue l’établissement hospitalier franc-comtois dans un communiqué.
Olivier Lamotte : « Une quinzaine d'imprimantes 3D tournent en continu »
Les équipes de l’UTBM ont également conçu des visières de protection en plexiglas pour la réalisation de certains soins. Un équipement également produit à grande échelle, là aussi adopté par l’HNFC. « Les conditions sont suffisamment graves et urgentes pour que l’on détourne différents produits », conclut Olivier Lamotte. /jpi