L’argent colloïdal en question

L’hospitalisation à Delémont d’un homme souffrant d’argyrisme après avoir ingurgité de l’argent ...
L’argent colloïdal en question

L’hospitalisation à Delémont d’un homme souffrant d’argyrisme après avoir ingurgité de l’argent colloïdal soulève de nombreuses questions sur les médecines alternatives et l’accès à des prétendus remèdes

Le cas d'argyrisme à l'H-JU soulève des questions sur les prétendus remèdes miracles (Photo : libre de droits) Le cas d'argyrisme à l'H-JU soulève des questions sur les prétendus remèdes miracles (Photo : libre de droits)

Le cas de « l’homme à la peau bleue » soulève de nombreuses questions sur les médecines alternatives. Un patient qui souffre d’argyrisme est hospitalisé à Delémont après avoir ingurgité de l’argent colloïdal mélangé dans du lait. Remède miracle ? A quoi ça sert ? Est-ce légal ? On tente de faire le point.


L’argent a-t-il des vertus médicales reconnues ?

L’argent est reconnu depuis l’antiquité comme ayant des propriétés antibactériennes. On l’utilise pour certaines plaies, dans certains pansements, même sur la peau des grands brulés. Mais l’argent colloïdal (qui reste en suspension dans l’eau) n’est en aucun cas reconnu comme un médicament. Certains adeptes des médecines alternatives prétendent qu’il peut renforcer le système immunitaire, guérir ou traiter de nombreuses maladies, jusqu’au sida. « L’argent colloïdal a depuis longtemps fait parler de lui, ces allégations reviennent souvent lors des épidémies virales », confie Gabriel Voirol, pharmacien à Bassecourt et ancien pharmacien cantonal. Le médecin cantonal Vincent Morard affirme que d’un point de vue scientifique, la guérison de maladies via la poudre d’argent est « de la pure fantaisie ».


Application externe ou par voie orale ?

C’est « très dangereux » d’en ingérer alerte d’emblée le médecin cantonal. L’argent reste un métal avec des particules lourdes que notre corps n’est pas capable d’évacuer et qui peuvent se coincer dans les reins, même jusqu’au cerveau. Le patient actuellement hospitalisé à Delémont est d’ailleurs touché à des organes vitaux tels le foie et le cœur. L’argent est aussi utilisé dans des systèmes pour rendre l’eau potable mais ce sont là des applications très précises et dans des quantités infinitésimales.


Est-ce autorisé en Suisse ?

Il y a une interdiction à la vente en Suisse comme médicament selon la chimiste cantonale Linda Bapst. Mais vous pouvez en trouver légalement dans notre pays sous forme d’oligo-élément, c’est à dire dans des dosages extrêmement faibles. On parle alors de PPM (Partie par million), soit une unité encore en dessous du microgramme. Là encore, c’est uniquement destiné à une application externe, cutanée, et non par voie orale. Force est de constater que si vous tapez « argent colloïdal » dans Google, vous allez en trouver, y compris sur des sites estampillés « .ch ». Cela ne signifie que c’est homologué par Swissmedic. « Et les informations en ligne sont souvent floues sur la composition exacte, la sécurité et la qualité du produit. Il n’y a, de plus, aucun contrôle », alerte la chimiste cantonale qui rappelle les « gros risques » de jouer les apprentis sorciers avec ces produits vendus en ligne. /jpi


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