Un homme comparaissait jeudi devant la justice jurassienne pour des faits remontant à l’été 2020. Il doit notamment répondre de tentative d'assassinat et de viol
Le Ministère public jurassien réclame une lourde peine à l’encontre d’un homme accusé d’avoir voulu tuer sa compagne en juillet 2020. Il a demandé jeudi au Tribunal pénal de première instance, à Porrentruy, de le condamner à treize ans de prison ferme et de l’expulser du territoire suisse pour une durée de quinze ans. Les juges doivent notamment déterminer si le prévenu s’est rendu coupable d’une tentative d’assassinat ou seulement d’actes préparatoires délictueux, comme le soutient la défense. Le Ministère public a également retenu la prévention de viol à son encontre.
L’accusé avait entrepris toute une série de démarches les jours précédents les faits, selon l’acte d’accusation. Il avait, entre autres, acheté des cordes de veau et aménagé un local au sous-sol de son lieu de travail avec une bonbonne de gaz, un matelas et une photo du couple. Le 26 juillet, alors que sa compagne voulait rompre avec lui, il l’a contrainte à un rapport sexuel. Prise de sidération, la plaignante lui a fait croire qu’elle avait changé d’avis. C’est là que le prévenu lui a montré sa pièce, précisant qu’il aurait ouvert le gaz et se serait attaché avec elle pour qu’ils meurent tous les deux s’ils ne s’étaient pas remis ensemble.
Un comportement pointé du doigt
L’avocat de la plaignante, Jean-Marie Allimann, a insisté sur l’absence d’excuses ou de remords de la part du prévenu. Il a évoqué un déni complet face à l’évidence. La procureure a elle parlé d’un plan machiavélique. Frédérique Comte a mis en avant les déclarations constantes de la plaignante par rapport aux contradictions du prévenu. Elle a souligné que ce dernier avait reconnu une partie des faits le soir-même à une ex-compagne. Celle-ci a d’ailleurs prévenu la police alors que la plaignante était en train de se rendre chez les forces de l’ordre.
La représentante du Ministère public a, par ailleurs, estimé que le viol constituait le début de la tentative d’assassinat. Une vision contestée par la défense. L’avocat du prévenu, Hubert Theurillat, a déclaré que l’infraction n’avait jamais commencé et que le Tribunal ne pouvait que retenir les actes préparatoires délictueux. « Il n’a pas attaché la plaignante, il n’a pas ouvert la bouteille de gaz », a-t-il expliqué. L’avocat a estimé que son client devait être dispensé de toute peine pour l’infraction d’actes préparatoires délictueux, sachant qu’il a renoncé spontanément à aller au bout de son activité délictuelle.
La défense reconnait toutefois le viol. Elle consent ainsi dans ce cadre à une peine de deux ans de prison avec sursis, mais s’oppose à une expulsion du territoire suisse. Hubert Theurillat a expliqué que son client risquait des représailles s’il était renvoyé dans son pays d’origine.
Le Tribunal pénal rendra son verdict vendredi après-midi. /alr