Alors que de plus en plus de jeunes arrêtent leur formation professionnelle en cours de route en Suisse, ce n’est pas le cas dans le canton du Jura. Des actions sont notamment mises en place depuis plusieurs années pour éviter trop de résiliations de contrats d’apprentissage
Les apprentis gardent leur cap dans le Jura. L’Office fédéral de la statistique indiquait en fin d’année que 23,5% des jeunes qui ont commencé leur apprentissage en 2017 avaient depuis résilié leur contrat en Suisse. C’est un record national. Le canton du Jura se situe en dessous de la moyenne fédérale à 20,6%, et bien plus bas que Neuchâtel, Genève ou Fribourg (plus de 30% de résiliations de contrats d’apprentissage dans ces trois cantons).
Pourtant, dans le Jura, trois jeunes sur cinq qui terminent l’école obligatoire choisissent la voie professionnelle. « C’est le plus haut taux des cantons romands », précise Clément Schaffter, responsable du domaine formation professionnelle et générale au service jurassien de la formation post-obligatoire.
« La particularité jurassienne, c'est les moyens mis à disposition »
« C’est tout à fait acceptable »
Cependant, si le nombre d’apprentis est élevé par chez nous, ils sont moins qu’ailleurs à corriger leur cursus en cours de route. Clément Schaffter donne les chiffres annuels : « on se situe à 10% de résiliation de contrat des jeunes en formation professionnelle, c’est-à-dire environ 250 personnes par année. C’est tout à fait acceptable ». Ces statistiques sont stables sur les quatre-cinq dernières années. On peut parler d’une particularité jurassienne, estime le responsable. Il faut dire que le canton met les moyens pour encadrer les jeunes : deux personnes travaillent à 100% pour les aider. La première suit les jeunes en difficulté et la seconde les aide lorsqu’ils sont en résiliation pour retrouver rapidement une place.
« Cet encadrement individuel est vraiment une particularité jurassienne », insiste Clément Schaffter. Et puis, « toutes les résiliations ne sont pas négatives, nuance-t-il, certains ont fait un mauvais choix professionnel… Pour eux, c’est mieux de trouver une autre voie ».
Un environnement économique particulier
De plus, l’environnement économique jurassien est aussi particulier. « Les entreprises de la région ont l’habitude de former », analyse le responsable du domaine formation professionnelle. « La formation duale correspond au besoin des entreprises jurassiennes. Donc elles forment beaucoup et depuis longtemps. La formation professionnelle est clairement un atout pour le canton du Jura », selon lui.
Le Covid-19 met son grain de sel
La pandémie de coronavirus a impacté les choix professionnels des jeunes dans le Jura. Clément Schaffter estime qu’on peut attribuer 1,5% de résiliation à la crise du Covid-19 durant la période 2019-2021. « La pandémie a eu une influence sur le travail en entreprise et sur la formation en école avec notamment le télétravail, note le responsable. La pénibilité au travail a eu aussi un impact plus fort pendant la pandémie, notamment dans le domaine de la santé. Tout cela a pesé et a pu décourager des apprentis à poursuivre dans certains domaines ». /lbe