Voilà 15 ans que les habitants de Lajoux l'attendaient. Fruit d’un long processus, la nouvelle station naturelle d'épuration des eaux (SNEP) a été inaugurée ce vendredi matin. « C’était un gros dossier avec des séances de chantier quasiment toutes les semaines. C’est un soulagement », souffle le conseiller communal en charge du dossier, Christian Schaller. Le projet a été imaginé en 2008 déjà pour remplacer l'ancienne station qui ne pouvait plus traiter les boues récoltées après traitement des eaux usées. À première vue, le site ne ressemble pas à une station d’épuration, mais à de grandes étendues vertes bordées par un petit hangar. L’intégration dans le paysage fait justement partie des avantages considérables d’une SNEP.
« Pas de bassin en béton, juste des roseaux, du gravier, et un site naturel préservé », résume fièrement Raphaël Riat, chef de travaux pour le bureau RWB qui a conçu l’ouvrage qui traite désormais les eaux usées du village franc-montagnard de manière naturelle. « Elles sont filtrées par un filtre en couches de gravier d’environ un mètre d’épaisseur, avec des roseaux qui maintiennent sa perméabilité. En dessous il y a une géomembrane d’étanchéité qui retient les eaux, et un système de drainage qui va amener l’eau vers un deuxième filtre », résume Raphaël Riat. L’eau usée est « dispersée » sur la surface des grandes fosses de 90m sur 15m par un labyrinthe de tuyaux qui forment une « rampe d’alimentation »… et le tour est joué ! Quand l’eau ressort du deuxième filtre, elle est traitée et reversée dans le ruisseau du Miéry. Le tout fonctionne quasi sans électricité, mais mécaniquement par un système de siphon. « On s’est passé de pompage. Seul le dégrilleur, qui remonte les déchets plastiques et autres lingettes, a besoin d’électricité toutes les 30 minutes ou une heure », explique l’ingénieur.
Une SNEP, comment ça marche ? Reportage
« Le point positif, c’est aussi que les habitants de Lajoux n’auront plus de mauvaises odeurs », renchérit Christian Schaller. Dans la SNEP en effet, pas d’eau stagnante contrairement aux « étangs d’affinage » de l’ancienne station. L’ouvrage, dimensionné pour 850 habitants (voire 1'000, Lajoux comptant environ 700 âmes), est tout simplement le plus grand du genre en Suisse romande, et l’un des plus grands du pays. La population avait accepté pour sa construction un crédit de 3,6 millions de francs. « Je pense que ce sera rapidement rentabilisé par rapport à une station d’épuration parce qu’il y a très peu de frais d’entretien. Donc il n’y aura pas d’augmentation de la taxe des eaux par rapport à ça », confie Christian Schaller. Le réseau d’eaux usées nécessitera lui, en revanche, des frais d’entretien et de rénovation. /jpi