La révision de la loi sur l’asile n’est qu’un durcissement de plus

Le comité jurassien contre la révision de la loi sur l’asile donne ses arguments. En conférence de presse jeudi, ses membres, venus des milieux politiques, comme le conseiller national socialiste Pierre-Alain Fridez, ou associatifs, comme le Mouvement jurassien de soutien aux sans-papiers et migrants, ont expliqué pourquoi ils appellent à glisser un non dans l’urne le 9 juin. Selon eux, les partisans de ce nouveau durcissement brandissent comme raison une situation particulièrement dramatique en Suisse, mais qui ne correspond pas à la réalité. Le caractère urgent de la révision n’a par ailleurs pas de raison d’être. La plupart des mesures qui seraient mises en place ne répondent pas aux critères d’urgences.

 

De graves conséquences

Certaines propositions contenues dans cette révision ont simplement pour but de faire baisser les demandes d’asile et les statistiques, selon le comité. La suppression de la désertion comme motif d’asile lui paraît incompréhensible. Dans certains pays, on devient déserteur par exemple pour ne pas avoir à commettre d’actes insupportables et il devient alors impossible de retourner dans son pays. La Suisse le reconnaît d’ailleurs, puisqu’elle ne force pas ces personnes à rentrer, mais leur donne un permis provisoire, donc précaire.

La suppression des procédures d’asile via les ambassades est également pointée du doigt par le comité. Cette possibilité permettait de faire une première sélection sur place et d’éviter une émigration illégale et dangereuse.

 

Des ghettos et un blanc-seing

La création de centres pour requérants récalcitrants inquiète aussi les opposants à la révision de la loi. Des personnes y seraient enfermées sur des critères qui paraissent peu clairs et sans cadre légal. La carte blanche au Conseil fédéral pour des phases tests pose aussi la question du cadre légal et permettrait de déroger à la loi, selon le comité.

 

Sensibilisation du public

Pour faire entendre sa voix, le comité sera présent aux marchés de Porrentruy samedi et de Delémont le 25 mai. Il organise surtout une conférence le 27 mai à 20h au Centre St-François à Delémont sur le thème : « Loi sur l’asile : pourquoi émigrent-ils ? ». L’objectif est d’élargir le débat et de faire comprendre que personne n’émigre de gaité de cœur. Il s’agit aussi de faire comprendre les responsabilités des sociétés du Nord au travers de leurs industries et de leurs multinationales.

L’un des intervenants sera Koffi Owoussi, ingénieur agronome togolais, qui partagera son expérience. Après ses études en Ukraine, il est retourné au Togo. Mais confronté à la situation des paysans obligés à produire pour l’exportation plutôt que pour l’approvisionnement en nourriture dans le pays, il s’est engagé dans l’opposition, ce qui a bien failli lui coûter la vie. /iqu


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