Ce vendredi dans La Matinale, Cyprien Lovis a choisi d'écrire une lettre à Steven Barras. L'emblématique joueur du HC Ajoie rangera ses patins à la fin de la saison. Il lui reste donc entre 4 et 7 matches à disputer, mais surtout, l'attaquant a l'occasion de boucler la boucle par un événement qu'il a cherché durant toute sa carrière : une finale de play-off.
Ecoutez ou réécoutez la lettre de Cyprien Lovis à Steven Barras ci-dessous (uniquement depuis la version classique du site internet)
La lettre en version écrite
Cher Steven,
Permets-moi cette largesse radiophonique de te tutoyer, mais comme cela fait 17 ans que je suis tes résultats et 10 ans que je t’interroge, il me semble en avoir la permission. L’inverse aurait même été plutôt prétentieux dans une lettre puisqu’on ne s’est jamais vousoyé.
Deux raisons m’ont poussé à sortir la plume. La première, c’est que tu incarnes la justice du sport. Et plutôt deux fois qu’une. Agressé vendredi par un ignoble coup sur ton nez, tu as inscrit, 5 jours plus tard, le but victorieux qui a envoyé l’équipe de ton agresseur en vacances et la tienne en finale. Ensuite, ça fait 17 saisons que tu portes ce maillot « numéro 10 » du HC Ajoie et tu n’as jamais goûté à une finale alors que tu es – avec Marco Truttmann, Michaël Neininger et Stefan Tschannen – le meilleur attaquant suisse de Ligue B du 21e siècle. Comme un puck dans la lucarne, cette finale s’apparente à l’apothéose de ta carrière. J’appelle ça la justice du sport, ce vecteur d’émotions uniques dans la vie d’un être humain qui peuvent parfois être aussi cruelles que sensationnelles.
La deuxième raison qui m’a poussé à t’écrire, c’est ton culot, ton audace. Celle qui m’a obligé à une réflexion journalistique cornélienne le mardi 16 février, jour du premier match contre La Chaux-de-Fonds. Tu étais l’invité de La Matinale pour présenter ces séries, et durant l’interview, tu avais déclaré « La finale me paraît accessible ». Avoue quand même que c’était culotté Steven ! Réfléchi, mais culotté. Et le journaliste cherche à écrire pour être lu. Rapidement, je me suis dit : « ça, c’est le titre de la brève internet ». Et en même temps, j’ai craint que tu passes pour un prétentieux. Parler de finale alors qu’on est 5e du classement et qu’on n’a même pas encore joué un match, c’est culotté. Si j’avais été entraîneur du HCC, je peux t’assurer que j’aurais placardé cet article dans le vestiaire pour motiver mes troupes à te renvoyer en vacances ! Apparemment Alex Reinhard n’y a pas pensé, tant mieux. Mais si j’ai choisi de maintenir ce titre audacieux, c’est parce qu’au plus profond de moi et de ma conscience, je savais que tu avais raison et que personne ne pouvait dire… « il exagère » !
« La finale me paraît accessible ». Steven, cette phrase résume à elle seule ton attitude, ton caractère, ta grinta, ta passion, ta soif de hockey. Tout ça, tu as réussi à le transmettre au vestiaire – ils ont tous ton numéro sur le casque – à l’entraîneur – qui puise ainsi une motivation des troupes - aux dirigeants – qui veulent t’offrir la plus belle des sorties - et au public, quel magnifique hommage que ce tifo géant à ton effigie et ces tours d’honneurs que tu alignes match après match. Ce sont les play-off de Barras. Et ces play-off sont les plus beaux de l’histoire.
Alors maintenant, c’est l’heure de boucler la boucle Steven. Tu y es en finale…et tu la démarres en tant que meilleur compteur des play-off…Tout en haut au TXT. Complètement dingue. Vis-la à fond, dégomme tout. Tu as commencé ta carrière par une promotion en Ligue B, tu la finiras par un titre de champion de Ligue B. Pour boucler la boucle. Va chercher ce titre, cette coupe, pour toi, tes coéquipiers, le club de ton cœur, celui de ton grand-père. Boucler la boucle.
Cordialement et sportivement
Cyprien