La qualité des pierres utilisées pour les marches de la Tour de Moron est pointée du doigt par les experts, deux ans et demi après l’effondrement de l’édifice. C’est ce qu’explique en substance « Le Quotidien jurassien », qui a eu accès au rapport commandé par le Ministère public Jura bernois-Seeland. Le document s’interroge sur plusieurs points concernant l’effondrement de la tour. Il explique notamment que la pierre avait une résistance à la traction trop variable, le matériau étant donc inadapté pour une telle structure. Des microfissures seraient apparues sous l’effet du gel, de l’eau et des charges, menant à un effondrement en cascade. Il semblerait que le fournisseur connaissait depuis 2012 les faiblesses de la pierre, mais n’aurait pas alerté les acteurs du projet. Par ailleurs, après l’effondrement, la Fondation de la Tour de Moron aurait découvert que le marbrier avait continué à renforcer des marches avec des tiges métalliques à l’intérieur des blocs, contre les recommandations. La justice considérerait donc que la Fondation était au courant de cette prise de risque. À noter que cinq des sept prévenus avaient été libérés des charges pour prescription des faits ou absence des éléments constitutifs des infractions au mois d’octobre dernier.
Les grandes questions qui se posent sont les suivantes : qui était au courant ? qui aurait pu savoir ? qui doit endosser la responsabilité ? Le marbrier du Jura bernois qui avait travaillé la pierre issue d’une carrière espagnole et avait postérieurement ajouté des barres de soutènement aux marches n’est plus poursuivi, pour cause de prescription. « Le Quotidien jurassien » explique que la Fondation a fait recours contre le classement des charges qui pesaient sur lui.
Sur le banc des mis en cause, il reste donc Henri Simon et Théo Geiser, respectivement président et vice-président de la Fondation de la Tour de Moron. Le rapport souligne en effet que la Fondation, et donc le maître d’ouvrage Henri Simon, auraient dû être plus vigilants. Henri Simon lui, maintient sa position : la Fondation ignorait tout du renforcement clandestin des marches et la pierre avait été jugée impeccable. Il réclame une audience avec le Ministère public, « en confrontation avec le marbrier s’il le faut, pour qu’on s’explique. » Il poursuit : « Ce qui m’empêche de dormir depuis longtemps, c’est que quelqu’un puisse penser que Théo Geiser et Henri Simon aient construit la Tour de Moron en donnant aux apprentis qui travaillaient sur place du matériel qui risquait de leur tomber dessus à tout moment, et qu'ils aient ensuite laisser des visiteurs aller sur cette tour, en sachant que ça allait s'effondrer d'un jour à l'autre. »
Le président de la Fondation de la Tour de Moron se dit disposé à collaborer pour la remise en état de l’édifice, à condition d’être blanchi et que le nom des apprentis qui avaient participé à la première construction soit conservé sur la plateforme.
À noter aussi qu’une campagne de financement participatif a été lancée pour préserver la tour en l'état, avec ses ruines. La reconstruction effective ne sera pas entamée avant que la justice n'ait rendu son verdict. /jse