Anne Seydoux – Pierre Kohler. C’est le duel jurassien des élections du 18 octobre qui fait couler le plus d’encre à l’échelle de la Suisse romande. A moins d’une semaine de l’élection au Conseil des Etats, impossible de dégager un favori entre les deux candidats PDC, malgré une flagrante opposition de style.
Anne Seydoux
La sortante siège depuis 8 ans à Berne. Une expérience qui lui donne une réelle maîtrise des dossiers ; cela s’entend lors des débats. Elle réalise une campagne traditionnelle, va là où on l’invite, mais une campagne trop distante au goût de certains. On la voit peu dans les marchés et les différentes manifestations. Les commissions dans lesquelles elle siège à Berne, les affaires juridiques et la politique extérieure, ne lui donnent pas une grande visibilité. Mais en tant que seule représentante jurassienne à Berne, elle pourrait mobiliser l’électorat féminin qui ne souhaite pas ne voir que des hommes siéger sous la coupole. On dit aussi que son positionnement politique pourrait lui attirer de nombreuses voix de la gauche de l’échiquier, au PCSI et chez les socialistes. A tel point que le PS s’en inquiète et appelle à voter sa propre liste en bloc.
Pierre Kohler
L’homme qui n’a jamais perdu une élection. Populaire, fort d’un bon bilan à la mairie de Delémont, le candidat met les moyens dans sa campagne. Déjà par une grande présence sur le terrain, mais aussi via le porte-monnaie : des pages entières achetées dans tous les quotidiens régionaux, pages blanches avec uniquement l’adresse de son site internet. Des « Vouivres » achetées au HC Ajoie pour que son nom résonne dans la patinoire. L’entrepreneur s’est également offert de la publicité sur RTK1, la télévision du Kosovo : un message qui le décrit comme un grand ami des Albanais, grand contributeur de leur intégration en Suisse.
En surface par contre, Pierre Kohler est moins visible. Il a refusé de participer aux différents débats, évitant ainsi de se frotter à sa colistière sur les thèmes de fond. C’est aussi le seul candidat qui a refusé de répondre aux questions de smartvote ; on ne peut donc pas le comparer à d’autres sur son profil politique. On lui reproche un caractère de franc-tireur, et une tendance à ne pas aller au bout de ses mandats. N’empêche, le candidat séduit aussi bien à droite que dans les communautés étrangères.
Anne Seydoux, Pierre Kohler : deux poids lourds qui n’ont qu’un point commun, leur parti, qui est déchiré. Là où certains reprochent à Anne Seydoux d’avoir critiqué vertement la présidence PDC, d’autres accusent Pierre Kohler d’avoir fait le forcing pour être sur la liste, en abandonnant en chemin la mairie de Delémont. Pour le reste, tout les oppose. Au final et sauf scénario improbable, un seul sera élu à Berne.
L’épilogue de ce duel, c’est dimanche. Dès midi et jusqu’en soirée, toute la rédaction de RFJ se mobilisera pour vous faire vivre cette journée électorale, à l’antenne et sur notre site internet. /cad