Le rejet massif de l'initiative dite « No Billag » montre que les Suisses n'ont pas cru aux promesses des initiants. Le débat sur l'avenir des médias de service public méritait mieux que des propositions extrêmes, selon Gabriel de Weck
La redevance radio-télévision ne va disparaître. L’initiative dite « No Billag » a été balayée ce dimanche par plus de 7 votants sur 10 et par tous les cantons. Un résultat remarquable dans son ampleur. D’autant plus que l’initiative était donnée encore gagnante au mois de décembre et que peu d'observateurs auraient parié sur un rejet aussi net. Le commentaire de Gabriel de Weck:
Le résultat est remarquable. La Suisse a massivement dit non à cette initiative démagogique, pas un canton ne fait exception. On doit cette unanimité à la mobilisation de tous les acteurs de la société civile et politique : organisations patronales régionales, syndicats, sportifs, artistes, élus de tous bords, de tous âges. Ils ont ensemble défendu l’information de service public, pluraliste et non rentable par définition.
Deux millions de Suisses n'ont pas voulu goûter à la pomme juteuse tendue par les initiants, promettant à chaque ménage d'économiser des centaines de francs par année, voire des milliers en ce qui concerne certaines entreprises. Des initiants prompts à nous vendre un véritable jardin d’Eden, où la main invisible du marché se serait chargée de tout reconstruire ce que leur initiative aurait brutalement démantelé.
Ainsi, les partisans de No Billag paient le prix fort de tant de promesses balbutiées face à tous ceux qui craignaient de voir disparaître leurs médias de proximité, dont vos radios qui fêtent cette année 34 ans d’existence. Des initiants acculés, contraints au fur et à mesure de la campagne, de minimiser la portée de leur texte en puisant leurs arguments dans la stratosphère des ya-ka-fo-kon.
Reste que le débat sur le financement de l’information de service publique méritait mieux que cette initiative extrême. À l’heure où les médias régionaux luttent pour exister, à l’heure où la presse écrite ne cesse de se restructurer et de se concentrer, à l’heure encore où l’ATS taille dans ses effectifs, ce n’est pas le moment de supprimer la redevance mais bien plus d’en redéfinir le rôle et les bénéficiaires.