Choisir librement son fournisseur d’électricité : cela pourrait devenir une réalité en Suisse. Seuls les gros clients, qui représentent 1% des consommateurs, ont aujourd’hui le choix. Le Conseil fédéral souhaite libéraliser entièrement le marché de l’électricité. Lors de sa séance du 17 octobre 2018, il a donc ouvert la procédure de consultation sur la révision de la loi sur l’approvisionnement en électricité (LApEl). La consultation court jusqu'au 31 janvier 2019.
Les partisans de la libéralisation affirment que les consommateurs seraient gagnants. Diego Brait, responsable de la région Jura à BKW, producteur et fournisseur d’électricité, affirme qu’ils bénéficieront d’une « offre plus diversifiée et de meilleure qualité ».
Autre son de cloche aux Services industriels de Delémont. Pour Michel Hirtzlin, chef des SID, l’ouverture du marché marquerait un recul en matière d’énergies renouvelables : « La libéralisation est en contradiction avec la stratégie énergétique 2050, votée par le peuple en 2017. Dans un marché libre, personne n’investira dans les énergies renouvelables, plus chères. »
Quid des fournisseurs régionaux ?
Les fournisseurs locaux vont-ils souffrir de l’augmentation de la concurrence? « Pas forcément », selon David Eray, ministre jurassien de l’environnement. Dans son projet, la Confédération impose en effet un minimum d’énergie renouvelable dans le paquet de base.
Des coûts supplémentaires
La libéralisation du marché entraînerait une hausse des charges administratives pour les fournisseurs. Selon Cédric Zbinden, directeur de la centrale hydroélectrique de La Goule, qui approvisionne notamment 8'000 clients dans les Franches-Montagnes, « il y aura besoin d'investir dans de nouveaux compteurs intelligents et des systèmes de gestion des données notamment ».
La hausse des coûts imputée aux fournisseurs d’électricité pourrait être compensée par les effets de la concurrence, selon certains. Pour les détracteurs à l’ouverture du marché, une augmentation des prix est inévitable.
La FRC réagit
La Fédération romande des consommateurs est plutôt favorable à l’ouverture complète du marché. Elle estime que cela gommerait les inégalités entre les entreprises et les consommateurs. Ces derniers disposeraient aussi d’un moyen de pression face aux firmes.
La FRC émet toutefois certaines inquiétudes. Pour Laurianne Altwegg, responsable énergie à la FRC, « il est important de fixer les conditions entourant les changements de fournisseurs. Il s’agit de protéger les consommateurs contre des pratiques abusives : le démarchage téléphonique ou les contrats signés en vitesse sur le palier. Le consommateur doit aussi pouvoir identifier facilement les offres ».
Selon le Département fédéral de l’énergie, le taux de changement de fournisseur, atteint 6,4% par an, dans un marché libéralisé et en moyenne européenne. En Suisse, les consommateurs pourraient changer de fournisseur une fois par an. /mmi