Ces images ont fait le tour du monde depuis samedi. Paris pillé, saccagé par groupes des casseurs. Des images de « guérilla urbaine » entre groupuscules ultra-violents et forces de l’ordre. Ces scènes d’insurrection se sont déroulées en marge de la manifestation des « Gilets jaunes », ce mouvement citoyen qui proteste depuis deux semaines contre la hausse des taxes, notamment sur le carburant, et la baisse du pouvoir d’achat des Français. Membres du gouvernement, politiques, porte-paroles des « Gilets jaunes » se sont accordés ces dernières heures pour dire qu’il ne fallait pas confondre casseurs et manifestants pacifistes. Néanmoins, la vague jaune manque cruellement de cohérence selon Jérémie Pignard :
« Oui parce que les « Gilets jaunes » ont choisi depuis maintenant plus de 15 jours de perturber la vie des Français pour faire passer leurs revendications. Des barrages filtrants, des péages bloqués, des bouchons à n’en plus finir… et ce week-end, des enfants en larmes, effrayés par des scènes d’une violence surréaliste.
Distinguons « casseurs » et « Gilets jaunes », très bien. Mais peut-on m’expliquer en quoi perturber, bloquer, retarder ses concitoyens appuie intelligemment leurs revendications ? Les « Gilets jaunes » veulent s’attaquer à l’Etat ? Mais c’est avec les nerfs de leurs compatriotes qu’ils jouent, de leurs semblables qui, pour beaucoup, vivent aussi dans des conditions très modestes.
Un peu plus de 70'000 manifestants ont été recensés ce week-end en France. Mais des Français qui vivent avec le salaire minimum, le fameux SMIC (salaire minimum) qui équivaut environ à 1’400 francs nets par mois, il y en a des millions ! « La France est dans la rue », a-t-on entendu dans la bouche de certains « Gilets jaunes ». Non ! La France est un pays de près de 68 millions d’habitants. Les manifestants représentent donc 0,1 % de la population ! Tous ceux qui partagent le fond n’adhèrent donc visiblement pas à la forme.
Et que dire de cette haine anti-flics, cette volonté d’en découdre qui n’est pas uniquement l’œuvre de casseurs. Ces scènes où l’on voit un CRS se faire lyncher par des individus habillés de gilets jaunes. Ces forces de l’ordre que l’on a, pourtant, il y a peu célébré en héros après les attentats. Avec qui l’on s’est recueilli. Avec qui l’on a pleuré. Étant français, je me permets de le dire : une partie de ce peuple a la mémoire courte.
Mais il y a quand même un message à retenir. Les témoignages de personnes qui ne parviennent pas à joindre les deux bouts se multiplient. Les salaires, le SMIC, n’augmentent pas ou très faiblement quand le coût de la vie, dont celui du carburant, étrangle une partie de la classe moyenne. Le gouvernement doit peut-être entendre qu’il y a là un cri, plus urgent que toute autre réforme. Un cri légitime. Mais ce que nous avons vu ces dernières heures n'est sûrement pas une manière décente de le faire retentir. » /jpi