C’est un paradoxe : le marché du livre connaît un net rebond depuis l’arrivée de la pandémie de Covid-19, mais la chaîne qui se déploie entre les éditeurs et les libraires est confrontée à plusieurs difficultés. La pénurie de papier, d'abord. Elle s’explique par le manque de matière première, car la production a pris du retard pendant la crise sanitaire. Face à ce manque, les livres les plus demandés se retrouvent priorisés. Il en va ainsi des gros succès littéraires, mais aussi de certaines catégories de livres, explique la patronne de la librairie page d’Encre à Delémont, Nicole Brosy : « La production des mangas a augmenté de 50% en 18 mois environ… C’est un marché en pleine expansion, donc le papier est souvent réservé à ces livres-là.»
Moins d'imprimeurs
Outre le manque de papier, il y a également moins d’imprimeurs que par le passé. Ce phénomène date d’avant la pandémie, selon Nicole Brosy : « Le marché du papier s’effritait depuis un moment, donc plusieurs imprimeries ont pris d’autres options, comme la fabrication du carton par exemple… Elles ont commandé moins de papier, car elles se sont basées sur les demandes des années précédentes… or, depuis la pandémie, la demande de livres a explosé. Il y a donc eu un embouteillage par rapport aux livres à imprimer. »
Manque de camions et de containers
Une fois les ouvrages finalement imprimés, il s’agit encore de les transporter. Une opération compliquée, à cause du manque de camions et de chauffeurs. Et pour le cas de certains livres spéciaux qui viennent d’Asie, une autre pénurie vient s’ajouter aux diverses problématiques, d'après Nicole Brosy : « Les pop up ou les coffrets cadeaux sont fabriqués en Chine, mais il y a une pénurie de containers partout dans le monde. » Structurellement, les petites librairies indépendantes ne peuvent pas s’appuyer sur de gros stocks ni sur les réserves d’une autre succursale. Il s’agit donc de faire preuve de patience face à des délais d’approvisionnement plus longs et parfois difficiles à prévoir. /lad