L’assemblée générale de Bio Jura qui s’est tenue ce vendredi à Cornol a permis de constater que l’agriculture biologique avait de beaux jours devant elle en Suisse. À la demande des grands distributeurs suisses Migros et Coop, BioSuisse cherche 15'000 hectares supplémentaires de terres ouvertes, ce qui représenterait 9% de croissance d’ici 2027. « Il y a une forte demande et ces distributeurs souhaitent mettre le paquet dans le bio à l’avenir. La tendance est vraiment bonne, à nous maintenant de saisir cette chance et de convaincre les producteurs pour pouvoir couvrir ces marchés », se réjouit Romain Beuret, délégué Bio Jura.
Romain Beuret : « Dans une situation privilégiée en Suisse »
La Suisse se trouve à ce titre dans une situation privilégiée au regard de ses voisins européens qui n’ont pas les mêmes tendances. « Avec les problèmes géopolitiques et l’inflation, la demande en bio chez nos voisins a tendance à se tasser voire à diminuer en raison du coût que cela représente dans le panier du consommateur. Ces signaux-là ne sont pas observés en Suisse », explique Romain Beuret. Le marché des œufs, lui, voit la demande reculer et une baisse de volume de 5% est prévue pour 2023, si bien que les candidats producteurs sont mis en attente. Le marché de la viande bovine bio, malgré des fluctuations, se porte globalement bien. Celui du lait enregistre une baisse de production, comme dans l’agriculture conventionnelle, sans pour autant que les arrêts de production soient massifs. Là encore, les signes inquiétants des marchés allemands ou français ne sont pas observés en Suisse.
25% de produits bio et 50% de produits régionaux dans les assiettes du CEJEF
Autre bonne nouvelle, cette fois plus locale, pour la branche et la promotion de ces produits, c’est l’apparition prochaine du bio dans les assiettes des cantines scolaires. Fin 2021, le Parlement avait accepté une motion du député PDC François Monin qui demandait une part de produits locaux dans la restauration collective. La Commission PROJAB pour la promotion de l'agriculture biologique dans le Jura et le Jura bernois s’est engouffrée pour y inclure une part de bio à hauteur de 25%. Elle a même rehaussé cet objectif à 30% par souci de cohérence avec les labels Bio Suisse a-t-on appris ce vendredi.
Joan Studer : « Un vrai challenge de répondre à cette demande »
« BioSuisse a mis en place une labellisation des restaurants au niveau suisse avec une, deux ou trois étoiles suivant la quantité de bio utilisée. Le premier palier est atteint à partir de 30% de produits bio. Donc pour 5% d’écart, ce serait dommage de se priver de la communication que l’on pourrait faire auprès du grand public avec cette labellisation », expose Joan Studer, coprésident de Bio Jura. Une première étape sera franchie dès la rentrée d’août prochain avec 25% d’aliments bio qui viendront garnir les assiettes de certaines divisions du CEJEF (Centre jurassien d’enseignement et de formation). Le cahier des charges arrêté récemment fait état, pour sa restauration collective, de 50% de produits régionaux et 25% de produits bio. L’enjeu pour les producteurs jurassiens sera se placer leurs produits. « Cela permettra d’avoir un test à grande échelle. Pour nous producteurs, ce sera un vrai challenge de pouvoir répondre à cette demande, on va devoir faire un effort de coordination et de logistique », poursuit Joan Studer alors que la « Semaine bio » organisé au CEJEF en mars 2022 avait déjà rencontré un franc succès.
Le climat comme défi d’avenir
Le climat s’invitera, sans surprise, dans les grands défis futurs. Un objectif qui vise à tendre vers le zéro net d’ici 2040 en émission de gaz à effet de serre a été adopté en assemblée des délégués BioSuisse l’an dernier et le climat sera par ailleurs un thème des échanges ProBio qui consistent en des groupes de partage et de conseil entre agriculteurs. /jpi