L’État jurassien et les communes de Delémont, Develier, Bourrignon et Pleigne ont signé ce lundi une déclaration d’intention pour le lancement de la procédure d’un plan spécial cantonal
Le projet de parc éolien à la Haute Borne, sur les hauteurs de Delémont, est officiellement lancé. Après plusieurs années de discussions, le canton du Jura et les communes de Delémont, Develier, Bourrignon et Pleigne ont signé ce lundi une déclaration d’intention. L’accord s’inscrit dans la lignée de l’adoption de la fiche sur l’énergie éolienne par le Parlement en 2019 et qui prévoyait un projet-modèle à la Haute Borne. Combien d’éoliennes ? Où ? À quelle hauteur ? Tout reste à faire et il est « impossible à l’heure actuelle de répondre à ces questions », anticipe le ministre de l’environnement David Eray.
Les démarches sont lancées mais tout reste à faire
L’accord signé ce lundi marque seulement le lancement d’une procédure de plan spécial cantonal (soumise notamment à une mise en consultation publique, oppositions et recours éventuels) pour un projet dont la faisabilité devra être déterminée par diverses études. « La seule donnée concrète fournie par la fiche 5.06, c’est qu’il faudra un minimum de 5 éoliennes sur le site », rappelle David Eray. Les communes concernées acceptent toutes de voir éventuellement fleurir des éoliennes sur le territoire. Bourrignon, idéalement située sur les hauteurs, est particulièrement concernée. Son maire, partisan de ce type d’énergie, se dit rassuré par les garde-fous posés par le Plan directeur cantonal pour que son village conserve son charme visuel. « Il y a un périmètre délimité autour des fermes, une limite vis-à-vis du village pour éviter la pollution visuelle et acoustique », explique Thierry Sautebin.
« Il faudra écouter les opposants, dans la limite de l’urgence qui est aussi climatique »
Principale force de l’éolien, il produit beaucoup d’énergie en hiver, contrairement au solaire, un enjeu majeur dans le défi de l’indépendance énergétique. C’est notamment ce qui a motivé le maire de Develier Gabriel Chappuis à s’engager dans le projet. « On a vu en Europe qu’une seule nation (NDLR La Russie) pouvait remettre en question l’approvisionnement énergétique, donc devenir indépendant énergétiquement est primordial. On a besoin d’électricité, c’est une évidence, donc on doit contribuer à ce changement. Il faudra écouter les opposants pour les comprendre, mais dans la limite de cette urgence qui est aussi climatique », défend Gabriel Chappuis. Tous les acteurs évoquent un projet participatif où les opposants seront invités au dialogue.
Murielle Macchi-Berdat : « Partager le résultat des études en toute transparence »
Actionnariat ouvert aux collectivités publiques et aux Jurassiens
Les collectivités publiques jurassiennes, elles, auront la possibilité d’avoir la main sur le projet, bien que la société Parc éolien de la Haute Borne SA soit actuellement majoritairement détenue par les Services industriels de Genève (55% + 30% détenus par son bureau d’ingénieur Ennova). La ville de Delémont est actionnaire à hauteur de 10% tandis que Bourrignon détient les 5% restants. Les Jurassiens auront aussi la possibilité d’investir dans ce parc éolien via les prêts citoyens aux collectivités publiques. « La volonté est d’ouvrir, lors de l’octroi du plan spécial cantonal, ce capital-actions à l’ensemble des collectivités publiques jurassiennes jusqu’à concurrence de 66%. Donc ce sera vraiment un parc par et pour les Jurassiens », souffle la présidente de la société Parc éolien de la Haute Borne SA, Murielle Macchi-Berdat. Les communes impliquées toucheront 2,5% du chiffre d’affaires des turbines présentes sur leur territoire, avec un minimum de 12'500 francs, dont 1% devra être réinvesti dans un fonds énergie. S’il est impossible pour l’heure de fournir un calendrier précis, les acteurs s’accordent à dire qu’il est « peu probable qu’un parc éolien soit opérationnel avant 2030 ». /jpi