Une conférence internationale a réuni plusieurs orateurs de territoires en lutte pour leur autonomie ce samedi à Delémont.
Les 50 ans du vote du 23 juin 1974 qui a permis la création du canton du Jura comportent également des résonnances à l’étranger. Une conférence internationale s’est tenue samedi après-midi à l’Hôtel du Parlement, à Delémont, dans le cadre de la 77e Fête du peuple jurassien. Elle avait pour thème le droit d'autodétermination des peuples. La manifestation a réuni plusieurs orateurs de territoires en lutte pour leur autonomie.
Parmi eux, le Québec, dont le dernier référendum pour l’indépendance s’était soldé par un échec des souverainistes en 1995. « Le peuple jurassien est un peuple magnifique ! Je le trouve très près du peuple québécois au niveau des mœurs et de la culture. Nous sommes des gens ouverts d’esprit », confie Alexis Letarte, militant du Parti Québécois. « Au Québec, on reparle d’indépendance, et plus que jamais ! Il y a un nouveau regain de ferveur dans le but de mener un troisième référendum pour devenir souverain », poursuit-il.
Alexis Letarte (militant et conférencier du Parti Québécois)
Autre territoire invité à Delémont : l’Acadie, qui cherche à s’émanciper. « Nous n’avons pas de Gouvernement. Nous sommes une société civile organisée en ONG. On se doit de collaborer avec d’autres peuples francophones de part le monde. Et le Jura est un exemple. Il y a beaucoup à apprendre, à partager », explique Martin Théberge, président de la Société Nationale de l’Acadie.
Martin Théberge (président de la Société Nationale de l’Acadie)
Plus proche de chez nous, la Corse était aussi représentée à Delémont. « Les liens avec le Jura sont anciens et fraternels. Il y a eu des rapprochements culturels, économiques et bien sûr politiques », dit Jean-Guy Talamoni, ancien président de l’Assemblée de Corse. Et d’ajouter sur l’actualité politique en France : « Il est évident que le Rassemblement national est très fermé s’agissant de l’évolution institutionnelle de la Corse. Ce serait un souci supplémentaire si ce mouvement arrivait au pouvoir. Mais il faut aussi dire que nous n’avons pas été tellement gâtés avec l’actuel chef de l’État ».
Jean-Guy Talamoni (ancien président de l’Assemblée de Corse)
Du sud des Alpes, la Vallée d’Aoste a aussi fait le déplacement du Jura. « Dans notre histoire, nous avons toujours partagé des liens très forts avec le Jura, qui est une source d’inspiration. Les Valdôtains sont en train de travailler pour moderniser leurs statuts. Nous avons vraiment augmenté nos compétences pour gérer notre intérieur », raconte Joël Farcoz, le tout nouveau président de l’Union valdôtaine.
Joël Farcoz (président de l’Union valdôtaine)
Enfin, le Jura a accueilli un ami de longue date en la personne de Jean-Louis Xhonneux, le secrétaire général de l’Action fouronnaise. « Nous sommes venus ici pour la première fois en 1965 ! Nous avons fait presque toutes les Fêtes du peuple jurassien durant une trentaine d’années. On connaît bien les actions réciproques avec les Jurassiens. C’est un peu difficile pour nous aujourd’hui, puisque la majorité est devenue flamande. Dans notre commune francophone de Fourons, le nombre de Hollandais n’a cessé d’augmenter. C’est une pression permanente sur l’habitat. Ils sont évidemment systématiquement du côté flamand », explique Jean-Louis Xhonneux.
Jean-Louis Xhonneux (secrétaire général de l’Action fouronnaise)
A noter que le directeur général de la Société de l’Acadie du Nouveau-Brunswick, Ali Chaisson, et l’ancien président de la Cour constitutionnelle jurassienne, Jean Moritz, sont aussi montés à la tribune lors de cette conférence internationale. Ce dernier s’est exprimé sur le thème « Autodétermination et Question jurassienne : l’histoire s’arrête-t-elle à Moutier ? ». /rch