La statue de la Sentinelle des Rangiers a quitté mardi son entrepôt à Delémont et a été acheminée à La Caquerelle où elle sera exposée en fin d’année au Musée du Mont-Repais actuellement en rénovation.
Il était secrètement tenu à l’abri des regards depuis 1989, bien que brièvement ressorti pour être montré au public en 2016. Le Fritz des Rangiers a retrouvé mardi les hauteurs du Jura, 35 ans après avoir été renversé (pour la deuxième fois) et décapité par des activistes du Groupe Bélier. La statue de la Sentinelle des Rangiers a quitté son entrepôt à Delémont et a été acheminée à La Caquerelle où elle sera prochainement exposée dans le Musée du Mont-Repais en cours de rénovation. « On a dû démonter la porte pour faire rentrer la Sentinelle dans le musée, avec trois centimètres de chaque côté. Quand vous manœuvrez 6 tonnes, c’est un peu délicat ! Puis il y a eu le levage qui a nécessité une structure pour que ce soit fait en toute délicatesse », raconte Marc Meier, coordinateur du projet pour le Groupe d’Histoire du Mont-Repais (GHMR). Le vestige fragilisé, sans baïonnette ni tête et victime d’un incendie en 1990, pesant 6 tonnes, a été déplacé par une entreprise du canton mandatée par le CRAC (La Caquerelle - Les Rangiers : Aire Culturelle), sous la surveillance de représentants de l’office cantonal de la culture.
Marc Meier était l'invité de « La Matinale » : « La Sentinelle n'est plus ce qu'elle était, et le musée racontera cette histoire. »
Symbole de la mobilisation des troupes suisses durant la 1re guerre mondiale, le Fritz a ensuite été la cible d’opération coup de poing du Groupe Bélier pour marquer son opposition à la mainmise bernoise et son antimilitarisme. Dans un contexte politique pas encore tout à fait apaisé, les craintes de nouveaux actes militants contre la statue ne sont jamais loin. « L’Etat jurassien a des craintes, je peux dire ça oui, le contexte politique est délicat. On a vu cette histoire de plaques dérobées dans le Jura bernois, ce char à la fête du peuple le 23 juin (NDLR du Groupe Bélier avec une animation qui consistait à décapiter le Fritz des Rangiers), tout ça sur fond de concordat. »
« Confiant dans l’intelligence du peuple jurassien »
« Mais moi je suis confiant dans l’intelligence du peuple jurassien qui saura faire la différence entre le vestige de la Sentinelle dans toute son histoire et sa complexité qui sera exposée et la Sentinelle des Rangiers telle qu’elle était. Elle n’est plus ce qu’elle était et le but du musée sera justement d’expliquer cette histoire », précise Marc Meier. « Dans le musée, ce dernier sera accompagné d’une exposition au contenu scientifique exigeant », précise le communiqué du canton. La commissaire d’exposition, Samantha Reichenbach, avait assuré en 2022 que l’objet, symbole ambivalent, sera présenté « avec toute l’objectivité possible et avec toute l’histoire qu’il comporte ».
Prochainement exposé avec la bannière des seigneurs d’Asuel
La Sentinelle des Rangiers sera exposée avec la bannière des seigneurs d’Asuel, perdue à la bataille de Sempach en 1386. Ces objets seront visibles dès l’ouverture du musée initialement prévue en fin d’année. « Le musée ouvrira en fin d’année – début d’année prochaine. Mais il manque encore quelque 100'000 francs pour le financement », révèle encore le coordinateur du projet. /comm-jpi