Le parti socialiste jurassien formule plus d’une trentaine de propositions pour augmenter les recettes de l’Etat afin de les réorienter dans une politique financière tournée vers la population.
Les mesures d’économies répétitives touchent leurs limites et il est temps de repenser globalement la politique financière de l’Etat. Ce constat, déjà entendu jeudi lors de la présentation du budget par le Gouvernement appuyé d’un groupe d’experts, a été repris ce vendredi par le Parti socialiste jurassien. Le PSJ entend apporter sa contribution au débat public en publiant un manifeste (à télécharger en dessous de l'article) contenant plus d’une trentaine de propositions. Celles-ci visent à augmenter les recettes de l’Etat, mieux orienter les ressources pour redéployer ses effets dans une politique financière au service de la population. « On veut refaire ce lien entre récupérer de l’argent pour renforcer l’Etat puis redistribuer, maintenir et améliorer des prestations. Et avoir un Etat fort, c’est aller chercher les ressources là où elles sont », pose le président du PSJ Raphaël Ciocchi. Plusieurs mesures formulées visent à aller chercher cet argent chez les plus riches (rétablissement du dernier échelon d’imposition, introduction d’un impôt sur les successions en ligne directe, adapter les barèmes d’impôt sur la fortune) et dans les entreprises (contribution aux places en crèches, annulation de la baisse fiscale 2026 prévue par la RIEIII) qui verraient par ailleurs leurs charges alourdies par la hausse du salaire minimum et des allocations familiales.
Loïc Dobler : « Le Jura a baissé en 25 ans de 33% la pression fiscale sur les entreprises. »
Au risque de nuire à leur compétitivité dans un contexte de concurrence nationale et internationale ? « On ne veut pas augmenter les impôts des entreprises, mais ne plus les baisser, c’est fondamentalement différent. Et on estime que lorsqu’un Etat a baissé en 25 ans de 33% la pression fiscale sur les entreprises, on a fait notre part. Et lorsqu’on parle de faire contribuer les entreprises aux crèches, on n’invente rien puisque c’est en vigueur dans la plupart des cantons romands. Donc oui, on est conscients de ces aspects de concurrence », rétorque le président du groupe parlementaire socialiste Loïc Dobler.
Aperçu des mesures
Le PS prône aussi une utilisation des ressources dirigée vers des politiques efficientes en demandant par exemple plus de « lisibilité » sur les retombées « parfois difficile à mesurer » des actions de la Promotion économique et des structures qu’elle soutient. « Personne ne comprend plus rien à ces structures », lâche Loïc Dobler.
« Pas un frein à l’endettement mais un frein au développement »
Pour donner davantage de marge de manœuvre à l’Etat et au débat politique sur les moyens à disposition pour mener des politiques publiques, les socialistes veulent aussi desserrer la bride du frein à l’endettement, fixé à 80%. « Ce n’est pas un frein à l’endettement, mais un frein au développement. D’autres cantons utilisent les comptes, donc la réalité financière, plutôt que les prévisions budgétaires comme on le fait dans le Jura. L’adapter un tout petit peu serait un minimum », plaide Raphaël Ciocchi. À l’instar du groupe d’experts qui a appuyé dernièrement le Gouvernement jurassien et dressé un rapport, le PSJ plaide aussi pour une réforme plus vaste de l’Etat. En finir avec les catalogues d’économies de bouts de chandelle, réévaluer le patrimoine de l’Etat, réforme institutionnelle et un Jura composé d’une dizaine de grandes communes font partie des axes communs. « Quand on a les mêmes sources d’information, on arrive souvent au même résultat. Notre point de vue se complète quand même par beaucoup de mesures envers la population », résume Loïc Dobler.
Raphaël Ciocchi : « On souhaite retrouver le débat avec les autres formations politiques. »
Si Raphaël Ciocchi ne dément pas un programme imprégné d’un certain idéal socialiste, ces propositions visent, selon lui, surtout à ouvrir le débat. « On n’a pas l’intention de répondre à toutes les problématiques, mais on a des idées qui ne sont pas assez entendues dans les organes au sein desquels on siège. On souhaite retrouver le débat avec les autres formations politiques », confie le président du PSJ. Un débat qui se serait perdu ces dernières années devant un parlement et un exécutif qui se contenteraient de plus en plus de voter des économies sans apporter de réelles solutions. Et Loïc Dobler de conclure : « On ne pourra pas nous reprocher de ne pas avoir fait des propositions ». /jpi