Les tatouages au fil des siècles

Embellir son corps, se protéger, rappeler un souvenir positif ou négatif marquant. Les raisons ...
Les tatouages au fil des siècles

Embellir son corps, se protéger, rappeler un souvenir positif ou négatif marquant. Les raisons de se tatouer ont évolué au fil des époques. La conférence « Tatouage ou l’écriture du corps » revient sur le sujet ce mercredi à Tramelan.

Caïn, fils aîné d’Adam et Eve, est le premier tatoué de l’Histoire. (Photo: Peintre, Fernand Cormon).
Caïn, fils aîné d’Adam et Eve, est le premier tatoué de l’Histoire. (Photo: Peintre, Fernand Cormon).

Une culture millénaire, mise en avant par une conférence à Tramelan. Christophe Flubacher est un historien de l’art à la retraite. Il présente ce mercredi soir l’histoire et la signification des tatouages au fil des époques. Une conférence proposée par la Société jurassienne d’émulation, le CIP et la commune de Tramelan.

Siècles après siècles, le tatouage a revêtu des significations différentes. Pour certaines sociétés non occidentales, se marquer le corps représente un rituel, comme pour l’accès à l’âge adulte ou la sociabilisation. Chez les Noubas au Soudan, la jeune fille qui se marie va adopter le tatouage de la famille de son époux. Au contraire, dès l’Église paléochrétienne, la scarification est interdite. Christophe Flubacher explique ce choix : « Dieu a créé l’Homme à son image. Ce qu’il a créé est parfait, donc il n’est pas question de retoucher une création de Dieu ».

Christophe Flubacher : « Les tatouages sont des rituels quasi obligatoires dans certaines sociétés non occidentales »

« Le tatouage a longtemps été la marque de la déviance, celle des légionnaires, des bataillons disciplinaires, des prisonniers », relate l’historien de l’art. Un personnage du Livre de la Genèse (premier livre de la Bible) et du Coran en est la preuve. Caïn, fils aîné d'Adam et Ève, est marqué sur le front par Dieu, après qu’il ait tué son frère par jalousie. Plus tard, les bagnards s’ornaient le cou de traitillés, avec parfois même l’inscription « coupez ici ». Les « mauvais garçons » se tatouaient des signes uniquement compris par les personnes connaissant le milieu. Une manière de montrer leur dangerosité et de mettre en avant leur « grade » de criminel ou leurs délits, d’après Christophe Flubacher.

Christophe Flubacher : « Avant, c’était les mauvais garçons qui sa tatouaient »

Une pratique aujourd’hui démocratisée

Ce serait les marins qui, au contact des cultures non occidentales, sont revenus en Europe le corps chargé de motifs décoratifs. Il s’agit là d’une étape importante pour la démocratisation de cette pratique sur notre continent, d’après Christophe Flubacher.

De nos jours, nombreux sont les Chrétiens qui reviennent d’un pèlerinage à Jérusalem avec marqué sur le corps, une croix du Christ ou INRI, les lettres initiales des mots latins Iesus Nazarenus Rex Iudaeorum.

Aujourd’hui, il existe de multiples raisons de se tatouer : une motivation esthétique, mais aussi celle de faciliter le passage de phases douloureuses de la vie ou de s’attirer la bienveillance et la protection de totems. Christophe Flubacher fait état du tatouage d’une jeune fille qui, pendant sa grossesse, angoissait à l’idée de devenir mère. Elle a choisi de se tatouer la déesse Parvati, car elle représente un modèle de conduite pour les femmes.

Christophe Flubacher : « Il y a beaucoup de personnes qui décident de se tatouer un souvenir marquant sur la peau »

Des motifs récurrents

Vous avez peut-être déjà vu quelqu’un avec un motif maori tatoué sur le corps ? Pendant longtemps, ils ont eu beaucoup de succès. Le peuple d'origine polynésienne se plaint aujourd’hui d’appropriation culturelle. Les Maoris protestent contre ce « vol », car pour eux, ces tatouages ont une symbolique importante.

La main de Fatma est aussi un symbole prisé dans le monde. Les motifs fleuris ou de papillon ont aussi la cote. Christophe Flubacher met toutefois en garde : il faut bien réfléchir avant de marquer son corps de la sorte. L’historien de l’art voit régulièrement des amoureux se tatouer le prénom de leur âme sœur… Il arrive très souvent qu’en cas de rupture, il soit nécessaire de le recouvrir par la suite ou de vivre toute sa vie avec.

/ehe


 

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