Dimanche au Texas, l’entreprise SpaceX est parvenue à faire atterrir le lanceur de sa fusée Starship quelques minutes après son décollage. Une réussite qualifiée d’exploit par beaucoup. L’astrophysicien Jean-Luc Josset tempère.
C’est un grand pas pour les fusées, un petit pas pour la science. Dimanche au Texas, l’entreprise du milliardaire Elon Musk, SpaceX, a réussi à récupérer le lanceur de sa fusée Starship. Neuf minutes après le décollage, « SuperHeavy », une structure de 70 mètres de haut et composée de 33 moteurs, a retrouvé sa tour de lancement, quasiment prête à envoyer une nouvelle fusée dans l’espace.
Cette image impressionnante doit permettre, selon l’entreprise, d’accélérer la conquête spatiale. Promettant notamment d’envoyer prochainement des hommes sur la Lune, puis sur Mars. « Je n’y crois pas du tout. C’est un peu une escroquerie », coupe l’astrophysicien Jean-Luc Josset, directeur du Space Exploration Institute de Neuchâtel. Selon lui, le lanceur de SpaceX est effectivement un « outil pour l’exploration spatiale », mais les promesses de l’entreprise sont trompeuses, car il faudra encore « beaucoup de temps » avant de tels voyages habités.
Jean-Luc Josset : « Ça n’a pas d’impact sur l’exploration scientifique. »
Machines à privilégier
L’entreprise SpaceX parle d’une « révolution dans l’exploration spatiale », pour évoquer son test réussi dimanche. Jean-Luc Josset précise : « il faut déjà différencier l’exploration humaine et robotique - scientifique. Et puis, étant donné qu’on envoyait déjà des sondes vers mars en 1976, je dirais qu’il n’y a pas d’impact sur l’exploration scientifique avec ce lanceur », estime l’expert. De plus, pour faire avancer la science, il est préférable de privilégier la machine à l’homme. « L’être humain dans l’espace, c’est une catastrophe. Les technologies actuelles sont bien plus performantes », souligne Jean-Luc Josset.
« Dans l’espace, l’homme n’apporte pas grand-chose. En 30 ans, l’être humain n’a pas évolué contrairement aux machines. »
Jean-Luc Josset évoque également l’importance de poursuivre les recherches dans l’espace, particulièrement la planète rouge, car « étudier Mars, c’est mieux connaître la terre et notre passé », souligne-t-il. En ajoutant qu’il faut l’étudier rapidement « avant qu’elle ne soit polluée par des vols habités ». /gjo