Face à la nouvelle donne migratoire et une chute du bénévolat, le Centre d’animation et de formation pour femmes et familles a revu son concept et s’est davantage professionnalisé pour accompagner au mieux les participantes... et intégrer les papas avec leurs enfants.
Après une vingtaine d'années sans grande réforme, le CAFF se modernise. Le Centre d'animation et de formation pour les femmes et les familles a revu son concept, son site internet et son identité visuelle. Cet organisme qui fait partie de l'AJAM (Association jurassienne d'accueil des migrants) propose des cours de français et animations pour les femmes migrantes et un espace d'accueil pour leurs enfants. Face à la nouvelle donne migratoire et une chute du bénévolat (33 bénévoles début 2023, moins d’une quinzaine actuellement), le CAFF s’est notamment davantage professionnalisé et compte désormais 5,3 EPT sur ses deux sites de Porrentruy et Delémont, contre 2,8 EPT auparavant.
Des professionnelles pour chaque prestation
« Il y a désormais une présence professionnelle lors de chacune des prestations du CAFF », explique la coordinatrice Juliette Kohler. Les cours de français, par le passé parfois assurés par des bénévoles, sont désormais dispensés par des professionnelles, ce qui permet aussi de répondre au mieux aux besoins des participantes qui étaient plus de 250 en 2023. « Avec le conflit en Ukraine notamment, on a dû prendre en compte l’arrivée de migrantes mieux formées, parfois plus âgées qu’à l’accoutumée. Certaines ont un niveau universitaire. Nos cours de français ne s’arrêtent donc plus au niveau A1 mais A2 qui permet d’offrir un suivi à un plus grand nombre de personnes », explique Vanessa Brandt, référente du secteur animation au CAFF de Porrentruy.
Vanessa Brandt : « Développer encore plus l'autonomie de la personne »
Cette professionnalisation a permis de passer de deux à trois cours de français et ateliers pratiques par semaine. Un suivi qui tend aussi à donner plus d’autonomie aux bénéficiaires dans la vie en société. Les cours de français visent à développer des compétences sociales et linguistiques sur la base de scénarios tirés de la vie réelle, et de plus en plus d’animations sont proposées hors des murs du CAFF afin de favoriser l'ouverture et l'intégration des femmes migrantes à l’extérieur.
Davantage inclure les papas
La nouvelle appellation de l’organisme, réduite auparavant aux « femmes migrantes », intègre désormais les « familles ». « Cela induit d’inclure davantage les papas et plus uniquement les mamans dans le secteur famille. C’est constat lié à l’enfance. Les informations liées à l’enfant concernent aussi le papa et on ne voulait plus remettre toute cette charge uniquement sur la maman », souffle Noémie Augsburger en charge du secteur famille à Delémont. Auparavant, les femmes venaient à leurs cours de français seules avec leurs enfants qui étaient accueillis dans un espace dédié, les hommes ne pénétrant finalement jamais ou rarement dans la structure.
« Donner l'espace aux papas qui ont aussi envie de jouer ce rôle dans la parentalité »
« On a aussi envie dans notre société de donner plus de place aux hommes dans la parentalité, ils ont pour la plupart envie de jouer ce rôle et il faut leur donner cet espace », renchérit Vanessa Brandt. Le CAFF cherche par ailleurs toujours des bénévoles afin d’accompagner les professionnelles durant les activités, mais aussi pour proposer des animations occasionnelles. /jpi