Le géant des matières premières Trafigura est poursuivi pour des faits qui remontent à 2009-2011 dans le secteur pétrolier en Angola. C’est la première fois qu’une entreprise de négoce est jugée pour corruption devant le Tribunal pénal fédéral.
Un procès majeur s’ouvre ce lundi au Tribunal pénal fédéral à Bellinzone : le géant des matières premières Trafigura est poursuivi par le Ministère public de la Confédération dans une affaire de corruption.
Les faits remontent à 2009-2011 et concernent les activités de la multinationale dans le secteur pétrolier en Angola. L’entreprise est jugée aux côtés de trois personnes physiques en lien avec des pots-de-vin qui auraient été versés à un agent public angolais. En échange, Trafigura aurait été favorisée pour des contrats et aurait réalisé des profits de plus de 140 millions de dollars, d’après l’acte d’accusation du Ministère public de la Confédération. Le MPC reproche plus précisément à Trafigura Beheer BV, l’ancienne société mère du groupe Trafigura, de ne pas avoir pris les mesures d’organisation raisonnables et nécessaires pour empêcher ces paiements illicites.
C’est la première fois qu’une telle affaire est traitée par le Tribunal fédéral. Une affaire particulière donc, ouverte « parce qu’un ancien cadre de Trafigura est passé aux aveux », selon Adrià Budry Carbó. L’enquêteur spécialiste des matières premières auprès de l’ONG Public Eye explique que « Trafigura essaie encore aujourd’hui de faire invalider les aveux. » Le Ministère public devra ainsi prouver que le cadre concerné était au courant de l’objectif des sommes versées au fonctionnaire angolais : lui graisser la patte.
Décryptage avec Adrià Budry Carbó, enquêteur spécialiste des matières premières pour l’ONG Public Eye :
Le procès doit se tenir sur trois semaines. Trafigura risque jusqu’à 5 millions de francs d’amendes si elle est reconnue coupable de ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour empêcher le versement de ces pots-de-vin. /mvu-jad