Cet ancien professeur au collège de Delémont a été condamné par le juge pénal à 18 mois de prison, dont 12 avec sursis. Sur le banc des victimes, deux adolescents, dont un mineur, au moment des faits en 2018 et 2020.
L’affaire avait fait grand bruit fin 2021-début 2022. Un ex-enseignant du collège de Delémont a été condamné ce vendredi par le juge pénal à Porrentruy à 18 mois de prison, dont 12 avec sursis, pour actes d’ordre sexuel avec enfant et personne dépendante. Il devra aussi poursuivre un traitement ambulatoire psychologique et sexologique, et se voit frappé d'une interdition d'exercer une activité qui le mettrait en contact avec des mineurs. L’enseignant était visé par deux plaintes pour des faits qui remontent à 2018 et 2020. Âgé d’une trentaine d’années, il était accusé d’avoir entretenu, hors du cadre scolaire, des relations sexuelles avec de jeunes garçons, un mineur de 15 ans ainsi qu’un élève qui fréquentait le collège de Delémont où il enseignait. L’homme, qui a intégralement reconnu les faits, avait déjà été condamné en 2020 pour des faits similaires survenus en 2017.
Une affaire qui « révèle les failles de la justice »
Si l’une des victimes n’a pas eu la force d’assister au procès, l’autre jeune homme, mineur de 15 ans au moment des faits. « Je n’ai pas les mots pour décrire ce que cela me fait d’être là », dit-il en sortant son téléphone pour lire ce qu’il a préparé. Il explique ne s’être, pendant longtemps, pas senti légitime pour porter plainte. « Peur de ne pas être compris parce que cela se passe entre des hommes et révèle les failles de la justice ». En 2020, le ministère public n’avait en effet pas jugé utile d’avertir l’employeur après la première condamnation. D’autres faits se déroulaient pourtant durant cette même année.
Me Charles Poupon : « L'employeur aurait dû en être informé »
« Vu la condamnation pénale déjà pour actes d'ordre sexuel commis sur des enfants, vu sa fonction d'enseignant au collège de Delémont, l'employeur aurait dû être informé. C'est une erreur incroyable, incompréhensible de la part du ministère public », s'étonne Me Charles Poupon, avocat de l'une des victimes, alors que le ministère public n'a pas souhaité commenter ces propos.
Relations consenties ? « Avec un mineur, ce n’est pas possible »
Fellations, masturbations, pénétration, jamais sous la contrainte physique, « mais un enfant ne peut être consentant devant un adulte », poursuit le jeune homme, choqué de lire dans la presse qu’il s’agissait de « relations consenties ». « La loi dit qu’avec un mineur, ce n’est pas possible », renchérit Me Poupon qui rappelle au juge pénal les « déclarations ahurissantes dans la presse de la direction du Service de l'enseignement qui qualifiait les faits de dérapage (NDLR avant que ne soit révélé que le prévenu était récidiviste), alors que l'on parle d'actes d'ordre sexuel sur des enfants ! »
« On a parlé de dérapage et de consentement, cela a beaucoup choqué »
L’enseignant dit « énormément regretter » et ne pas remettre en cause le ressenti des plaignants. « Je n’ai jamais eu l’intention de faire du mal, mais le résultat est là quand même ». À quelques mètres de lui, sa victime confie avoir essayé plusieurs fois de se suicider, et éprouver un « dégoût de la vie et un dégoût des autres ». Le juge David Cuenat a déclaré dans son jugement qu'il espérait que « les mesures prises par les autorités permettront à l’avenir d’éviter ce type de situation ». La loi sur le personnel de l'État oblige depuis 2023 l'employé qui fait l'objet d'une poursuite pénale, pour un crime ou un délit susceptible de porter préjudice à l'activité ou à l'image de l'État, d'en informer sa hiérarchie. /jpi