La décision de la Banque nationale suisse, le 15 janvier 2015, a secoué les entreprises du Jura et du pays. L’impact se fait toujours sentir aujourd’hui.
C’était il y a 10 ans, le 15 janvier 2015, la Banque nationale suisse décidait de l’abandon du taux plancher du franc par rapport à l’euro. Cette mesure annoncée par surprise a provoqué une onde choc pour les entreprises du pays et du Jura. Pour rappel, le taux plancher – instauré en 2011 – avait pour objectif de maintenir la stabilité entre les deux devises, à savoir qu’un euro valait 1,20 franc.
L’économie a dû encaisser. « Cet abandon du taux plancher a été vécu comme un choc, un cataclysme. Les coûts de production ont augmenté subitement. Si les entreprises ont globalement pu s’en sortir, il y a quand même eu de la casse », se souvient Pierre-Alain Berret, le directeur de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Jura. Les entreprises ont donc dû s’adapter à cette situation. « Les premières mesures prises ont été de travailler sur l’excellence opérationnelle, l’amélioration continue et la revue des processus. C’est par ce biais-là que nous avons pu gagner en efficience, en efficacité, pour récupérer des marges que la force du franc nous avait fait perdre », explique Olivier Haegeli, le patron de Willemin-Macodel, à Delémont. « En termes de production et de développement, on ne travaille plus du tout aujourd’hui comme on le faisait il y a dix ou quinze ans », ajoute-t-il.
Car la décision de la BNS prise en 2015 produit encore des effets aujourd’hui. « Le franc fort reste un réel problème. Pour les entreprises exportatrices, il est un poids, un boulet qu’on traîne. Le franc est très fort, trop fort. Il nous empêche de réaliser certains objectifs de vente. Nos produits sont extrêmement chers à l’étranger », précise Olivier Haegeli, dont la firme doit composer avec une forte concurrence. « Dix ans après, le problème du franc suisse demeure, d’autant que la devise est une valeur-refuge. Chaque fois qu’il y a une crise géopolitique dans le monde, une guerre ou d’autres tensions, le franc prend de la valeur mécaniquement. C’est un souci constant pour les entreprises », dit pour sa part le directeur de la CCIJ, Pierre-Alain Berret.
Pierre-Alain Berret : « Des entreprises ont dû faire le dos rond. »
Olivier Haegeli : « Ça génère plus d’intensité dans le travail quotidien. »
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