Près de 22% des bénéficiaires d’un statut de protection S établis dans le Jura ont trouvé un emploi à la fin 2024. Un chiffre parmi les meilleurs de Suisse romande, mais loin de la moyenne suisse et des objectifs fixés par la Confédération.
L’intégration des réfugiés ukrainiens sur le marché du travail reste un défi, particulièrement en Suisse romande. Alors que la Confédération avait fixé comme objectif d’atteindre un taux de 40% d’insertion d’ici fin 2024, rare sont les cantons à y être parvenus. Selon les chiffres publiés mercredi par le Secrétariat d’Etat aux migrations, la moyenne suisse est d’un peu moins de 30%. Et seuls Glaris, Nidwald Obwald et Appenzell Rhodes-Intérieures atteignent ou dépassent 40%. Car toutes les régions du pays ne font pas face aux mêmes difficultés et la tâche semble plus difficile en Suisse romande puisque tous les cantons latins occupent le bas du classement établi hier par le SEM. Cependant, le Jura fait partie des cantons romands les mieux classés avec 22,1% de taux d’insertion juste derrière Fribourg à 22,2%.
Si l’on est encore loin de l’objectif fixé par la Confédération, on accueille ce chiffre avec satisfaction du côté des autorités cantonales jurassiennes. « Le canton du Jura supporte tout à fait la comparaison avec les autres cantons romands, explique la ministre jurassienne de l’Intérieur Nathalie Barthoulot. Ceci démontre que les efforts en matière d’intégration ont été bien menés. Ce résultat est satisfaisant, même s’il est vrai que l’on n’est pas encore à la hauteur du taux Suisse ni de l’objectif de la Confédération. » Un objectif de 40% qui a surpris, nous a confié la ministre Nathalie Barthoulot, selon qui le Confédération a fixé cet objectif sans concertation avec les cantons. Ce qui explique peut-être en partie pourquoi 22 cantons sur 26 n’ont pas atteint l’objectif.
Nathalie Barthoulot : « Nous avons quand même un marché de l’emploi sous tension. »
Une pluralité d’éléments défavorables
A ce jour, le canton du Jura compte 348 détenteurs d’un statut S employables, c’est-à-dire âgés entre 18 et 64 ans. Ils ou elles sont 77 à avoir intégré le marché du travail, soit un taux d’insertion de 22,1%. Ce chiffre a fortement progressé. Il se situait à 9,3% fin 2022 et 13% fin 2023.
Reste que cette insertion se heurte à différents facteurs, comme l’explique Nathalie Barthoulot. « Il y a la langue, bien sûr, le marché de l’emploi est relativement sous tension, dans le Jura il y a la concurrence avec les travailleurs frontaliers et il ne faut pas oublier que les personnes arrivées chez nous sont le plus souvent des femmes accompagnées de jeunes enfants et qu’elle se retrouvent face à la difficulté de trouver des solutions de garde. » Selon la ministre Nathalie Barthoulot, les emplois occupés par les Ukrainiens intégrés sont en majorité, et pour l’instant, des emplois non qualifiés voire peu qualifiés.
Tous les cantons ne sont pas égaux dans cette tâche. Les cantons romands sont en queue de peloton. Une différence qui trouve peut-être son explication dans les similarités linguistiques entre l’Ukrainien et l’Allemand, alors que le Français reste une langue plus difficile à assimiler. La langue étant un facteur déterminant sur le marché de l’emploi. Nathalie Barthoulot estime également que la situation sur le marché de l’emploi est peut-être plus favorable en Suisse alémanique qu’en Romandie.
Difficile de trouver du travail sans contacts
Aleksandra Miedvieieva est arrivée du Dombas dans le Jura en août 2022. Elle travaille dans une entreprise de nettoyage depuis 6 mois. Mais dégoter un emploi n’a pas été chose facile pour cette Ukrainienne de 30 ans pourtant qualifiée. « C’était difficile car je ne parlais pas français. Puis j’ai envoyé mon CV partout, mais je ne recevais que des réponses standard ou aucune réponse. » Après une année de recherche, elle a finalement trouvé un travail dans une entreprise de nettoyage. « C’est mon amie qui travaille dans cette entreprise qui m’a aidée, car toute seule c’était impossible. »
En Ukraine Aleksandra Miedvieieva travaillait dans l’administratif et était également créatrice de contenu pour les réseaux sociaux. Son emploi jurassien ne correspond donc pas à ses qualifications. Mais qu'importe. « C’est un travail. Bien sûr que je ne me vois pas faire ça toute ma vie, j'espère trouver mieux plus tard, mais c’est mieux que rien et ça me permet de vivre » assure-t-elle. /tna