La Maison Blanche se donne désormais le droit d’exclure les médias de l’accès au président des Etats-Unis. Une entorse à la liberté de la presse qui ne risque pas de se propager à la Suisse, selon Reporters sans frontières.
Le gouvernement des Etats-Unis va désormais choisir lui-même les médias à qui il souhaite donner accès au président. La porte-parole du Bureau ovale l’a annoncé mardi. L’exécutif rompt ainsi avec le système en vigueur, selon lequel l’accès était réglé par l'Association des correspondants à la Maison Blanche. Récemment, l’agence de presse américaine Associated Press s’était déjà vue retirer son autorisation parce qu’elle n’avait pas adopté la dénomination « golfe de l’Amérique », inventée par Donald Trump pour rebaptiser le golfe du Mexique.
La Maison Blanche argumente que cette nouvelle manière de faire rend le pouvoir au peuple. Elle a d’ailleurs récemment invité des blogueurs et des chaînes d’extrême-droite à siéger aux côtés des médias traditionnels. Denis Masmejan est le secrétaire général de la section suisse de Reporters sans frontières. Pour lui, cette décision « est contraire à la liberté de la presse ». Il se dit « sidéré » que cette évolution vienne d’un pays qui a une « très longue, très remarquable tradition juridique et politique en faveur de la liberté de la presse ».
Denis Masmejan : « On touche là à quelque chose de fondamental »
Denis Masmejan estime que cette décision américaine risque de faire tache d’huile dans d’autres pays. Ce pourrait être le cas, en particulier, d’États totalitaires ou qui flirtent avec l’autoritarisme. Ceux-ci pourraient trouver dans la pratique de Washington une justification à leurs propres critères d’exclusion. En Suisse, pour le moment, le principe d’égalité de traitement des médias est protégé et semble bien enraciné dans le droit. Les seules différences entre les médias qu’autorise la Constitution sont d’ordre pratique et logistique.
« L’État doit traiter les médias à égalité »
Aux Etats-Unis, la question n’est pas définitivement tranchée. Elle devrait l’être par les tribunaux. Associated Press a déjà lancé une procédure pour contester la décision de la Maison Blanche. /jhi