Les coupes dans le personnel de l'État votées par le Parlement jurassien mercredi ne passent pas auprès du Syndicat des services publics. Les députés ont accepté hier une motion du PCSI pour supprimer 100 EPT d'ici 2030, ce qui correspond à 5% du personnel de l'État qui s'élève actuellement à près de 2'000 EPT répartis à parts quasi égales entre administration et enseignement. « On l’a pris très froidement. C’est une attaque contre la fonction publique qui est déjà mise sous pression depuis de nombreuses années : le renchérissement n’est pas pleinement accordé et il y a une ponction de solidarité sur les salaires. Donc le signal d’une coupe à l’emporte-pièce sans objectifs dans les services est vraiment malvenu », réagit le responsable régional du SSP Jura Thomas Sauvain.
Thomas Sauvain : « Un peu populiste de faire ça en année électorale. »
S’il se dit conscient des économies à réaliser dans la structure de l’État, il rejette fermement la méthode. « On tape une fois de plus sur le dos des fonctionnaires. On a l’impression que ces gens-là pensent que le fonctionnaire peut toujours en faire plus avec moins de temps ou moins d’effectifs. On arrive aux limites de ce que l’on peut remanier au sein de l’État dans ces conditions-là. Si on veut repenser l’État, pas de souci. Mais il faudra discuter de certaines charges à réduire, et plus serrer encore la corde pour le personnel », appuie Thomas Sauvain.
« Taper sur les fonctionnaires reste malheureusement populaire... »
Le motionnaire Thomas Schaffter (PCSI) se défendait pourtant de toute attaque contre la fonction publique, affirmant que réduire la voilure était aussi un moyen de revaloriser les fonctionnaires en réaccordant des avantages sociaux rognés dernièrement. « C’est penser les choses à l’envers », coupe le responsable régional du SSP Jura. « C’est un peu populiste de faire ça en année électorale. Taper sur les fonctionnaires reste malheureusement populaire dans une certaine frange de la population et manifestement chez certains partis politiques ». Thomas Sauvain s’inquiète surtout de l’état moral des membres de la fonction publique. « On perçoit déjà de l’exaspération et cette incertitude. Est-ce que je passerai à la casserole ? Est-ce que je devrai réduire mon pourcentage de travail, voire perdre mon travail ? Comment mon service sera réorganisé ? On sait qu’on devra faire les mêmes tâches avec 100 personnes en moins, et ça c’est difficilement entendable pour la fonction publique et notre syndicat ». Le SSP mène déjà des réflexions pour réagir et protester contre cette décision entérinée par le Parlement. Ce qui présage de négociations délicates avec les partenaires sociaux pour trouver des solutions afin d’appliquer la motion. /jpi